Pour répondre du cauchemar français ultime du début du XXIe siècle, une nuit remplie de souvenirs d’horreurs, jonchée de 131 cadavres et qui laisse un traumatisme national ineffaçable, il ne reste principalement que Salah Abdeslam, seul survivant du commando de tueurs. C’est peu dire que le personnage, amoureux volage, fumeur de joints compulsif, amateur de sorties en boîte et au casino et qui a passé une partie de sa jeunesse à jouer aux cartes et à siffler des bières dans un café à 500 mètres du domicile familial, à Molenbeek, près de Bruxelles, n’a pas vraiment le profil d’un emblème jihadiste planétaire. Arrêté en Belgique en mars 2016, il avait un peu parlé aux juges belges avant de refuser de s’exprimer durant toute l’instruction française, se contentant de proclamations religieuses ampoulées et d’explications elliptiques rejetant la responsabilité du carnage sur la France, à laquelle l’État islamique (EI) n’aurait fait que répliquer militairement.
Ce mercredi 9 février, pour son premier interrogatoire sur le fond après cinq mois de procès et 79 audiences à la cour d’assises spéciale, Salah Abdeslam, chemise blanche, voix posée et débit tranquille, a finalement décidé d’en dire beaucoup plus et d’abord sur l’idée qu’il se fait de son propre crime. Et tout bien pesé, si l’arrêt de la cour relevait de son avis, il ne s’infligerait pas le maximum de la peine, a-t-il dit sans ciller aux magistrats.