Une nuée de robes noires et d’épitoges blanches envahit la pièce. Depuis une semaine, ce sont plus de 300 avocats qui peuplent le devant de la salle d’audience spéciale de la cour d’assises de Paris, où se tient le procès des attentats du 13 novembre 2015. La procédure aidant, les avocats des parties civiles ont pris davantage de place dans les premiers jours du procès. Il faut dire qu’avec près de 1 800 parties civiles constituées, leurs 300 avocats et leur équipe, ils se font davantage remarquer que leurs confrères de la défense.
Pourtant, ce sont bien ces derniers, assis, têtes baissées dans leurs dossiers, éclairés par la lumière bleue de leurs ordinateurs et des téléphones qu’ils consultent sous la table, qui font le plus parler. Avant même que l’audience s’ouvre, le 8 septembre, des langues venimeuses sifflaient sur leurs têtes. Comment osent-ils s’asseoir du côté des accusés ? « Je pensais que le principe du droit à la défense était acquis pour tout le monde, s’étonnait auprès des Jours Adrien Sorrentino, avocat d’Abdellah Chouaa, à quelques jours du début de l’audience. Si l’on commence à interroger ce principe, là je m’inquiète, car c’est ainsi que l’on répond à la sauvagerie. »
« L’accusé ; [...] pour quelque crime que ce soit, aura le droit de se choisir un ou plusieurs conseils, avec lesquels il pourra conférer librement en tout état de cause ; et l’entrée de la prison sera toujours permise auxdits conseils. Dans le cas où l’accusé ne pourrait pas en avoir par lui-même, le juge lui en nommera un d’office, à peine de nullité. » Ces lignes sont inscrites dans un décret que nul ne connaît vraiment.