Mesurée mais ferme, Jacqueline Laffont plaide avec la même clarté qu’au début du procès. Il y a dix jours, elle s’attaquait à l’enquête préliminaire que le Parquet national financier (PNF) a laissé ouverte pendant six ans, en parallèle de l’instruction (lire l’épisode 3, « La défense de Sarkozy brouille l’écoute »). En ce mercredi 9 décembre, elle entreprend cette fois de tailler en pièces tout le travail de l’instruction. D’autant que, la veille, le ministère public a requis quatre années de prison dont deux ferme contre son client, Nicolas Sarkozy, et ses deux coprévenus, qui comparaissent tous les trois dans l’affaire Bismuth pour corruption et trafic d’influence (lire l’épisode 6, « Le procureur financier met Sarkozy à la peine »). Debout derrière l’ancien président de la République, tournée vers le tribunal, elle demande d’emblée la relaxe de Nicolas Sarkozy. Selon elle, le réquisitoire du parquet n’a apporté aucun élément probant. « La démonstration fut faible », aboutissant à des demandes de peine jugées « sévères ». « Or la sévérité n’a jamais fait la preuve », tacle-t-elle.
« On a voulu vous subjuguer », dit-elle en s’adressant au tribunal. « Jamais dans un réquisitoire je n’ai entendu autant de vocables exprimant le doute », poursuit-elle, avant de les énumérer : « “Nous croyons que”, “nous pensons que”, “nous acceptons de nous tromper”, “la thèse que nous défendons”… » Jacqueline Laffont réfute toute animosité envers le Parquet national financier

Le parquet a recoupé des faits et des dates, établi des chronologies. « Mais les coïncidences, ça existe ! », s’exclame l’avocate. L’accusation a noté que Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog ont ouvert la « ligne Bismuth » quelques jours après avoir appris que leurs lignes officielles étaient sur écoute (lire l’épisode 1, « Paul Bismuth à l’appareil… »). Selon Jacqueline Laffont, les deux événements ne seraient pas liés par une relation de cause à effet : les deux prévenus ont eu recours « dès juillet 2012 » à des « lignes dédiées », avance-t-elle.