Dona Jane ne nous reçoit pas dans son nouveau quartier de Colônia, mais sur un terrain qui appartient à sa famille, juste en face du parc olympique à Rio. Pendant l’entretien, les clameurs des supporters de tennis se font entendre régulièrement. Au milieu des immenses tours de luxe flambant neuves, ce petit terrain ombragé regroupant la dizaine de petites maisons de proches de Dona Jane fait figure d’anomalie. Les investisseurs ne s’y trompent pas et lorgnent sur le terrain depuis des années. Sauf qu’ici, tout est légal, mon père a acheté le terrain dans les années 70, quand personne ne voulait venir ici. Mais on sent bien que ce n’est plus un quartier pour les pauvres.
Pour autant, Dona Jane est partante pour une nouvelle bagarre. Les propriétaires du magasin voisin appartenant à une grande chaîne multiplient les mesures d’intimidation, la police a déjà débarqué en force, mais rien n’y fait. Sa famille a un titre de propriété en règle. Et puis Dona Jane n’a pas digéré sa défaite à Vila Autódromo, rasée au nom des Jeux olympiques et de la spéculation immobilière, et refuse de se laisser marcher sur les pieds une nouvelle fois.
J’y ai habité de 2002 à 2015. J’étais tellement heureuse là-bas…
À Vila Autódromo, elle s’est acheté une maison à 10 000 réaux (2 750 euros) quand le terrain familial est devenu trop exiguë pour accueillir tout le monde. En 2007, elle comprend que les grands évènements sportifs menacent sa favela d’adoption, et s’engage à fond dans la lutte.