Perchée sur des pilotis à l’apparence précaire, la passerelle provisoire dégueule un flot humain débarquant du terminal de bus. Tous marchent d’un pas pressé vers l’entrée du parc olympique, impatients de passer les portiques de sécurité après deux heures de transport. Les flics se marrent vautrés sur le capot de leur bagnole, les bénévoles gesticulent dans différentes langues pour indiquer que oui, il faut continuer tout droit, et les voitures officielles foncent sur leur bande réservée en klaxonnant les imprudents qui veulent profiter des embouteillages sur l’autre voie pour traverser au feu vert. En remontant le flux, derrière la passerelle, l’ambiance est tout autre. Ce cinquième jour des jeux, à 14h30, la petite rue de la nouvelle Vila Autódromo, construite à la hâte après une longue lutte des derniers résistants aux expulsions, est presque déserte.
On a eu un Japonais qui se renseignait parce que les expulsions ont déjà commencé pour les prochains JO là-bas, mais sinon les touristes ne viennent pas, sauf ceux qui se perdent et quelques curieux qui voient nos banderoles depuis le parking
, explique Dona Penha, qui a des petits yeux aujourd’hui. Malgré le calme, en une semaine, le quartier semble déjà avoir retrouvé un semblant d’âme. Les nouvelles maisons, toutes identiques et anonymes à leur livraison fin juillet, commencent à se démarquer les unes des autres.