Un brin stupéfiante, cette odeur. Inspirer. Expirer. Même avec un masque, le diagnostic s’impose très vite : ça sent le cannabis à plein nez. « Mais il n’y a pas de danger, calme d’un sourire la lieutenant-colonel Sandrine Sabini. Le produit ne devient actif que quand il est brûlé. » Alors va pour la visite. L’enfilade de paillasses. La douche de sécurité jaune en cas de projection d’un produit toxique dans l’œil. Blouses blanches ou couleur aubergine, utilisables dans une seule zone. Et une foultitude de scellés qui attendent d’être décrits, pesés, analysés, identifiés. Poudre blanche dans un petit sac plastique, herbe à gogo, gélules en stock, comprimés… Bienvenue au département de toxicologie, dit « Tox », de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), où la chimie tutoie le judiciaire. Les missions ? Analyser des saisies de substances illicites naturelles (cannabis, cocaïne…) ou synthétiques (cannabinoïdes de synthèse, dérivés de la cathinone issue du khat ou phényléthylamines comme l’ecstasy, les amphétaminiques…). Le spectre est large, le profilage précieux quand on cherche à retrouver des « signatures » chimiques identiques pour remonter des filières.
Mais ce n’est pas tout. Les experts de ce département contribuent aussi à mettre en évidence une consommation de substances que la santé réprouve, y compris un trop plein d’alcool. Il s’agit aussi de déceler des cas de soumission chimique (comme la drogue du viol à base de psychotropes).