15 décembre 2016. Dans la forêt du Frasnois, petit village d’une centaine d’habitants du Jura, des bûcherons découvrent un cadavre mutilé. Deux jours plus tard, le procureur de Lons-le-Saunier lance un appel à témoins, auquel n’est joint aucune photo. Le visage de la jeune femme « est totalement méconnaissable car elle a manifestement reçu des coups très importants, au point qu’elle n’a plus de dents », explique-t-il à l’époque. Son corps est, lui, lardé de 26 coups de couteau au niveau du flanc et des cervicales gauches. Les analyses ADN effectuées sur du sperme présent sur la victime, sur des cellules épidermiques logées sous les ongles de celle-ci et sur du sang retrouvé là où le cadavre de la jeune femme a été abandonné convergent toutes. Mais ne correspondent à aucun délinquant répertorié dans le Fnaeg, le Fichier national automatisé des empreintes génétiques. Les gendarmes comprennent que le meurtrier s’est blessé lors de l’agression et a perdu du sang. Ils supposent que le crime n’a pas été commis sur place, au vu du peu de traces entourant le cadavre et de la violence du meurtre. Mais aucun autre élément ne permet, dans les premières semaines, de faire avancer l’enquête. Les résultats des tests ADN réalisés sur le cadavre ne « matchent » pas avec les quelque 800 profils génétiques de personnes portées disparues contenus dans le Fnaeg. Les enquêteurs ne recueillent pas de témoignages susceptibles d’éclaircir le mystère de celle que l’on appelle désormais « la défigurée du Jura ». Ils n’ont alors plus qu’un seul recours pour faciliter l’identification de la victime : demander à l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) d’établir un portrait-robot qui sera diffusé dans un nouvel appel à témoins. Comment ce portrait-robot est-il élaboré ? Grâce à la reconstitution faciale, effectuée par des anthropologues sur la base des os à leur disposition.
Enquête en os troubles
En 2016, un cadavre non identifié est découvert dans le Jura. Les gendarmes vont partir du crâne pour établir un portrait-robot génétique.
Texte
Catherine Mallaval
et Mathieu Nocent
Illustration
Clara Dealberto et Jules Grandin
Édité par
Lucile Sourdès-Cadiou