Il est rare qu’une semaine passe sans que la presse économique ne se fasse l’écho, en des termes louangeurs, de levées de fonds de start-up. Un jour, c’est une jeune pousse de la téléphonie qui, grâce à un investissement de 9 millions d’euros, va enfin lancer son nouveau produit et « confirmer [son] positionnement de leader ». Une semaine plus tard, c’est une start-up de l’édition qui se dit impatiente de « concrétiser ses ambitions américaines » grâce à un « tour de table » de 2 millions d’euros. Avec la même somme, une troisième, dans l’hôtellerie, promet de « recruter de nouveaux talents ». Tel le nouveau-né assoiffé de lait pour stimuler sa croissance, les start-up s’abreuvent au cash des investisseurs, qu’il s’agisse de « business angels » ou de fonds professionnels, comme celui de Jean-David Chamboredon (lire l’épisode 5, « L’amour du capital-risque »). Pour espérer grandir vite et aller loin, en attendant de devenir un jour rentables, elles se développent et embauchent à crédit.
La dépendance à la bonne volonté des capital-risqueurs n’est pas perçue comme un signe de vulnérabilité, mais de grandes ambitions. Les levées de fonds servent même de baromètre de la santé du secteur, par ailleurs difficile à mesurer.