C’est non. Il n’y aura pas de fiscalité chargée de pénaliser les SUV qui grossissent toujours plus et posent mille problèmes de pollution comme de sécurité en France. Élisabeth Borne, la ministre de la Transition écologique et solidaire en charge des Transports, est pourtant d’accord, elle l’a dit ce jeudi à l’Assemblée nationale lors de la discussion sur le projet de loi de finances 2020 : « On est sur des sujets essentiels. Je pense que nous devons réduire très fortement nos émissions de gaz à effets de serre pour tenir l’objectif de neutralité carbone. C’est vital pour notre planète. »
Les SUV ont été le deuxième contributeur de l’augmentation des émissions de CO2 à travers le monde depuis 2010.
C’est « essentiel », mais ce sera pour plus tard. C’est en gros la position du gouvernement concernant les divers leviers qui sont aujourd’hui sur la table pour contrer le déferlement des SUV et leurs effets néfastes sur les émissions de CO2. Un sujet qui est tout sauf franco-français et tout sauf une lubie de zadistes perchés dans les arbres. Cette semaine, après les alertes déjà lancées par le Haut conseil français pour le climat ou Greenpeace, c’est l’Agence internationale de l’énergie, basée à Paris, qui expose crûment le problème. « Les SUV ont été le deuxième contributeur de l’augmentation des émissions de CO2 à travers le monde depuis 2010, dit l’IEA, après le secteur de l’énergie mais devant les industries lourdes (fer, ciment, aluminium), le transport routier et l’aviation. » C’est très clair dit comme ça, et c’est pour toutes ces raisons déjà exposées dans cette obsession (lire l’épisode 3, « L’aberration écologique ») que plusieurs députés tentent depuis des mois de faire passer des textes chargés de décourager l’achat des SUV les plus gros, lourds et donc polluants.
Ce fut dans la loi d’orientation des mobilités, puis dans la loi énergie et climat. À chaque fois sans succès. Aujourd’hui, c’est dans le projet de loi de finances (PLF) pour l’année 2020 que Matthieu Orphelin (écologiste, ex-LREM), Delphine Batho (présidente de Génération Écologie) ou Barbara Pompili (LREM) ont retenté leur chance. Il s’agissait d’un côté d’encadrer « la publicité sur les véhicules les plus polluants », à partir d’un seuil qui restait à définir. La commission développement durable de l’Assemblée a dit oui, mais les députés ont rejeté les amendements concernés, avec au passage une sortie sur « la presse régionale où l’automobile est le deuxième annonceur » et qu’il ne faudrait pas « déstabiliser » en freinant la réclame pour les SUV.

C’est la discussion sur la réforme du bonus-malus qui était la plus attendue.