Si l’on regarde froidement les diverses projections sur les émissions polluantes de leurs flottes de voitures à horizon 2021, la fusion des groupes PSA (Peugeot, Citroën, Opel) et FCA (Fiat, Chrysler, Alfa Romeo, Lancia, Maserati, Jeep, Dodge) ressemble à la naissance d’un nouveau géant du CO2. C’est un problème bien concret, car d’ici-là, la moyenne des émissions de chaque gamme de voitures ne devra pas dépasser 95 grammes de CO2 par kilomètre parcouru selon la législation européenne – qui va continuer à se durcir par la suite, pour atteindre 59 g/km en 2030 (lire l’épisode 4, « En 2021, le SUV va se prendre un mur »). Or les deux groupes, qui ont tout juste annoncé leur intention de se marier, sont carrément hors des clous pour ce rendez-vous crucial. Selon l’analyse du cabinet PA Consulting, PSA dépasserait l’objectif de 2,6 g et pourrait donc risquer une amende de plus de 600 millions d’euros, tandis que FCA explose les compteurs, à plus de 6,7 g au-dessus des 95 g autorisés, et se retrouve menacé d’une amende qui se comptera également en centaines de millions d’euros.
Un Jeep Renegade
— Photo Sébastien Dondain pour Les Jours.
On l’a expliqué au fil de cette obsession (lire notamment l’épisode 3, « SUV, l’aberration écologique »), les mauvais résultats de PSA en matière de gaz à effet de serre sont pour beaucoup liées à sa dépendance aux SUV, ces voitures massives et lourdes qui tendent à consommer davantage d’essence et donc à émettre plus de CO2 qu’une berline qui serait utilisée pour le même usage – la plupart du temps déplacer une seule personne sur moins de 30 kilomètres. Fiat Chrysler Automobiles, avec ses nombreuses marques, est pour sa part moins dépendant de la mode problématique des sport utility vehicles en Europe, même si Jeep ne vend que ça et des 4x4. Mais le groupe a pris beaucoup de retard sur les nouvelles technologies permettant de réduire les gaz polluants et d’électrifier la nouvelle génération de véhicules qui doit naître pour 2021. «FCA a fait le choix assumé de moins investir que les autres sur la technologie, explique aux Jours Romain Gillet, qui est analyste pour le cabinet IHS Markit et étudie de près le délicat alignement des performances des véhicules en regard des objectifs de 2021.