Après s’être fait ministre de la Culture au chevet des artistes, Emmanuel Macron était ministre des Transports ce mardi, pour annoncer à la place de son gouvernement le plan de relance du secteur automobile qu’il avait promis dès le matin même sur Twitter. « La crise sanitaire a porté un coup d’arrêt massif et brutal à la filière automobile française, écrivait-il. C’est une part de notre économie, ce sont des milliers d’emplois. Notre soutien va être massivement amplifié. » De fait, les milliards sont tombés comme des points Total sur la route des vacances sur un secteur qui a perdu presque 90 % de ses ventes au mois d’avril et tangue sérieusement. Or l’automobile, c’est 900 000 emplois en France et 13 millions au niveau européen
Depuis l’usine de l’équipementier Valeo d’Étaples-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, Emmanuel Macron a donc détaillé un plan de 8 milliards d’euros chargé de « faire de la France la première nation productrice de véhicules propres en Europe ». Car oui, ce plan de relance doit aussi avoir l’air vert. Cela en trois axes. Déjà, un coup de pression sur Renault et PSA pour relocaliser sur le territoire français leur production de véhicules électrifiés. Puis une relance des ventes pour vider les stocks de voitures neuves qui prennent la poussière sur les parkings des constructeurs, avec une prime à la conversion de voitures polluantes (jusqu’à Crit’Air 3) revue à la hausse (3 000 euros pour l’achat d’un véhicule thermique, 5 000 pour un électrique) et un plafond de revenus rehaussé pour permettre aux « trois quarts des Français » d’être éligibles, selon le Président. Enfin, des incitations supplémentaires pour les voitures qu’Emmanuel Macron a qualifiées de « propres ». Le bonus existant à l’achat d’un véhicule 100 % électrique augmente de 1 000 euros pour les particuliers (à 7 000 euros) et de 2 000 pour les entreprises (à 5 000 euros), tandis qu’un nouveau bonus est créé pour les hybrides rechargeables.
Tout cela, hormis la relocalisation, c’est à peu de choses près ce que les constructeurs voulaient (lire l’épisode 13, « Coronavirus : l’automobile dans la brume électrique ») : soutenir le jeune marché électrique, ne pas embêter la relance des véhicules thermiques et surtout ne pas remettre en cause les confortables marges dégagées depuis quelques années en vendant des SUV, ces pseudo-4x4 urbains trop lourds, trop gourmands en énergie, trop émetteurs de gaz polluants (lire l’épisode 1, « SUV, le gros du pavé »).