Faut-il une réponse politique au succès encombrant des SUV, qui représentent désormais plus de 40 % des immatriculations de véhicules neufs en France ? À ce jour, les multiples questions posées par ce type de véhicules très à la mode et très rentables n’ont que peu ému les parlementaires. Une voiture de 2,5 tonnes qui ne transporte la plupart du temps qu’une seule personne a-t-elle sa place en ville comme à la campagne ? Peut-on supporter, alors que la crise climatique s’amplifie plus vite que le pire des scénarios ne l’avait imaginé, que les SUV, parce qu’ils sont plus lourds et moins aérodynamiques, surconsomment et polluent davantage que des berlines équivalentes ?
Matthieu Orphelin, député du Maine-et-Loire, élu sous l’étiquette La République en marche en 2017 avant de quitter le parti présidentiel en février 2019 pour protester contre la mollesse du gouvernement sur les questions environnementales, est l’un des rares députés mobilisés sur ces questions. Ancien directeur de la recherche et de la prospective de l’Ademe
Vous avez déposé, avec Delphine Batho, un amendement à la loi d’orientation des mobilités (LOM) qui proposait d’interdire la publicité pour les véhicules les plus polluants. Il a été rejeté par le gouvernement, mais ce combat doit-il se poursuivre ?
Ce débat s’est embrasé très vite. La publicité automobile, c’est 1 500 euros par voiture neuve vendue en France, et elle est aujourd’hui principalement centrée sur les SUV ! Il ne faut pas s’étonner, après, que les gens achètent ces voitures trop lourdes et trop polluantes. Cette place des SUV dans le modèle économique des constructeurs pose question. Mon amendement à la loi d’orientation des mobilités était volontairement un peu dur, mais il faut tracer un chemin. Puisque le gouvernement compte interdire les véhicules thermiques en 2040, quel chemin trace-t-on, aussi bien en ce qui concerne le modèle économique des constructeurs qu’en ce qui concerne la publicité pour ces véhicules polluants ? Il faut tout remettre à plat et je compte porter ce sujet lors du projet de loi de finances, notamment pour mieux prendre en compte le poids du véhicule dans le calcul du bonus-malus. Il faut qu’on arrive à sortir du mouvement actuel autour des SUV. Avoir quelque chose qui remarche.

Ça passera donc par une modernisation de l’encadrement de la publicité ?