Les Jours l’ont écrit depuis plusieurs mois en aussi long et large qu’un BMW X6. Désormais, c’est l’ONG Greenpeace qui le crie dans une étude publiée ce mardi à l’occasion du Salon de l’automobile de Francfort : « La hausse actuelle des ventes de SUV fait peser une grave menace […] sur notre climat. » Cette étude, qui se penche sur le bilan carbone des douze principaux constructeurs de véhicules en Europe, en Chine et aux États-Unis, vient ainsi s’ajouter aux nombreux interlocuteurs que nous avons interrogés dans SUV qui peut, pour montrer à quel point l’explosion de la vente des « sport utility vehicles » est en train d’emmener le parc automobile dans le mur, et le climat avec.
« Les ventes de véhicules tout-terrains de loisir (SUV) ont été multipliées par plus de quatre au cours des dix dernières années, rappelle ainsi Greenpeace, passant de 8 % en 2008 à 32 % en 2018 en Europe. Aux États-Unis, ils ont atteint 69 % des parts de marché. » C’est désormais 40 % en France, et la hausse des ventes continue sous la pression de la publicité (lire l’épisode 6, « SUV : dernières pubs avant la fin du monde »). Dans les concessions, les constructeurs ne vendent plus que ça, tant les SUV leur permettent d’augmenter leurs marges et de vendre quasiment les mêmes voitures partout dans le monde. D’ailleurs, les petites citadines et les autres véhicules grossissent et s’alourdissent dans un mouvement de « SUVisation » dénoncé par l’ONG.
Le premier problème, que nous pointions déjà en juillet (lire l’épisode 3, « SUV, l’aberration écologique ») et que Greenpeace alimente aujourd’hui, c’est que « plus lourds et moins aérodynamiques, les SUV enregistrent des émissions de CO2 largement plus élevées que celles des autres voitures. L’augmentation des ventes de SUV est l’une des principales raisons expliquant l’absence de progrès dans la réduction des émissions de CO2 », en France comme partout dans le monde, alors que les constructeurs se sont engagés auprès de l’Union européenne à réduire l’impact environnemental de leurs véhicules.