Un président obsolète. C’est l’impression que donne Joe Biden début juillet 2022, à quatre mois des élections de mi-mandat (midterms) de novembre 2022 qui s’annoncent triomphales pour l’opposition républicaine de son prédécesseur Donald Trump. Incapable de s’opposer aux arrêts de la majorité conservatrice radicale à la Cour suprême sur les armes à feu et le droit à l’avortement (lire l’épisode 22, « Interruption volontaire de démocratie ») et condamné à des déclarations de principe, Joe Biden voit son propre agenda législatif bloqué depuis des mois au Congrès par l’opposition des sénateurs de l’aile conservatrice du parti démocrate, Joe Manchin et Kyrsten Sinema (lire l’épisode 9, « Les promesses ligotées de Joe Biden »). Et les États-Unis sont ravagés par une inflation inédite depuis la stagflation
Mais voilà que fin août, à peine huit semaines plus tard, le bouleversement est total : comme en 2020, quand il avait été laissé pour mort lors de la primaire démocrate, Joe Biden revient du diable Vauvert. Le premier retournement inattendu s’est produit au cœur de l’été. Début août, alors que tout le monde est en vacances, le sénateur de Virginie Occidentale Joe Manchin annonce avoir passé un accord avec le chef de sa majorité au Sénat, Chuck Schumer, et la Maison-Blanche pour voter, selon la procédure de la réconciliation budgétaire, une loi de bonification des assurances santé et de dépenses publiques climatiques historiquement inédites. Le 16 août, Joe Biden peut signer cette loi passée grâce à la voix de départage de sa vice-présidente Kamala Harris en cas d’égalité à 50/50 au Sénat.