Un président obsolète. C’est l’impression que donne Joe Biden début juillet 2022, à quatre mois des élections de mi-mandat (midterms) de novembre 2022 qui s’annoncent triomphales pour l’opposition républicaine de son prédécesseur Donald Trump. Incapable de s’opposer aux arrêts de la majorité conservatrice radicale à la Cour suprême sur les armes à feu et le droit à l’avortement (lire l’épisode 22, « Interruption volontaire de démocratie ») et condamné à des déclarations de principe, Joe Biden voit son propre agenda législatif bloqué depuis des mois au Congrès par l’opposition des sénateurs de l’aile conservatrice du parti démocrate, Joe Manchin et Kyrsten Sinema (lire l’épisode 9, « Les promesses ligotées de Joe Biden »). Et les États-Unis sont ravagés par une inflation inédite depuis la stagflation – taux d’inflation annuel à deux chiffres et taux de chômage élevé – consécutive au second choc pétrolier de 1979, qui avait coûté sa réélection au président démocrate Jimmy Carter en 1980. Le précédent Carter est d’ailleurs sans cesse brandi comme épouvantail sous le nez d’un Joe Biden qui, alors jeune sénateur, avait accompagné la débandade de cette présidence. Un sondage Gallup qui mesure l’approbation des Américains envers Joe Biden tombé sous les 40 %, une impression permanente d’impuissance, une division du parti entre modérés et progressistes et des gaffes à répétition : les similitudes entre Biden et Carter sont légion. Circonstance aggravante pour Joe Biden : son âge, 80 ans en novembre, source de procès en sénilité entretenu en permanence par Fox News et l’écosystème des réseaux sociaux ultraconservateurs.