Le 28 octobre, le président des États-Unis Joe Biden s’est envolé vers l’Europe, où il a assisté coup sur coup à une réunion du G20 à Rome puis au sommet de la COP26 à Glasgow sur l’environnement. Le dirigeant américain n’est pas venu pour rien, ratifiant en Italie l’impôt mondial minimum de 15 % sur les bénéfices des sociétés dont sa secrétaire au Trésor, Janet Yellen, est la principale promotrice depuis le début de l’année. Puis Joe Biden a confirmé une réduction de 50 à 52 % des émissions de CO2 des États-Unis à l’horizon 2030 par rapport à leur niveau de 2005. Pourquoi alors, malgré ces avancées extérieures, l’impression d’un enlisement de la présidence Biden ?
Les sondages qui mesurent l’approbation des Américains envers Joe Biden ont certes déjà dégringolé depuis le retrait précipité et sans gloire d’Afghanistan fin août (lire l’épisode 8, « Biden débordé par les talibans »). Mais ce n’est que l’écume des choses et un Bill Clinton était dans une position quasi-identique au bout de neuf mois de mandat. Plus profonde est l’incapacité actuelle de Joe Biden à concrétiser les promesses considérables faites durant sa campagne puis début 2021. La présidence Biden devait d’abord marquer la réconciliation démocratique après quatre années de tribalisation politique accrue par Donald Trump et sa figure clivante. La recherche du compromis était brandie comme arme majeure par un Biden arguant de son expérience inégalée au Congrès et de son positionnement modéré qui lui avait valu le ralliement massif, en primaire, de ses concurrents contre le socialiste Bernie Sanders. De ce point de vue, l’échec est flagrant : les élus républicains nationaux ont embrassé en très grande majorité le récit de Donald Trump sur une victoire qui leur aurait été volée en 2020. Et le 10 octobre 2021, près d’un an après le scrutin, le numéro 2 républicain à la Chambre, Steve Scalise, a refusé de déclarer que l’élection de Joe Biden n’avait pas été volée.

Ce procès en illégitimité de Biden, relayé en permanence par la chaîne de télévision Fox News et ses trois éditorialistes vedettes du soir (Laura Ingraham, Tucker Carlson, Sean Hannity), alimente d’ailleurs un climat de haine envers l’actuel Président et les médias traditionnels accusés de le protéger. L’essor extraordinaire en octobre dans le pays du slogan « Let’s go Brandon » témoigne de cette radicalisation républicaine contre la personne présidentielle :