La première visite de Joe Biden en Europe, entre le 10 et le 16 juin, s’est déroulée autour d’une thématique aussi claire que martelée : la défense de la démocratie libérale comme ciment de la relation transatlantique face aux menaces de la Chine et de la Russie, puissances autocratiques nocives. À la fin du sommet du G7 de Carbis Bay, au Royaume-Uni, le président américain évoquait même une compétition mondiale entre démocraties et dictatures et a réussi à imposer à ses partenaires (France, Allemagne, Canada, Royaume-Uni, Japon, Italie) un communiqué final réclamant des comptes à Pékin sur sa politique de restriction des libertés publiques à Hong Kong, les persécutions religieuses au Xinjiang et la déstabilisation du détroit de Taiwan. Deux jours plus tard, à Bruxelles, Joe Biden est même parvenu à faire désigner par l’Otan la Chine comme nouvelle menace globale à l’ordre mondial. Et, climax de son périple, lors d’une rencontre à Genève le 16 juin aussi médiatisée que peu productive dans les faits, il a surtout rappelé à Vladimir Poutine qu’il ne serait jamais Donald Trump et qu’il entendait bien lui faire cesser ses ingérences.
Ce retour des États-Unis (« America is back », selon Joe Biden) comme champions des valeurs démocratiques indissociables de leurs intérêts stratégiques n’a rien d’original. Et ce depuis un siècle. Joe Biden s’inscrit, par exemple, dans les pas de Franklin Roosevelt, énonçant en janvier 1941, onze mois avant Pearl Harbor et l’entrée en guerre,