Lorsque nous avions quitté les urgences de l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis en septembre dernier, ça n’allait pas très bien. Alors, en décembre, quand nous avons recontacté quelques-uns des professionnels de santé rencontrés là-bas, en Seine-Saint-Denis, c’était en espérant du mieux. Illusion vite douchée. Oria Mezoughi, aide-soignante et médiatrice du service (lire l’épisode 4, « Oria Mezoughi court après le dialogue social » ) ressent « plutôt une forme de dégradation » depuis l’été. Cela fait maintenant plus de six mois qu’Oria et beaucoup de ses collègues se déclarent grévistes à chaque prise de service. Plus de six mois qu’ils sont malgré tout assignés à leur poste
Le 16 décembre, Yasmina Kettal est en plein « atelier banderoles » quand elle nous répond au téléphone. L’infirmière dyonisienne et ses camarades du collectif Inter-Urgences ont transformé des draps en « SOS » géants, devenus l’un des signes de ralliement des hospitaliers, pour la manifestation du lendemain. Cette nouvelle journée d’action des personnels de santé, prévue de longue date, a été rattrapée par un mouvement social plus large. Leur cortège part de l’hôpital Lariboisière, dans le nord de Paris, et se termine place de la République, pour permettre à ceux qui le souhaitent
En tant que professionnels de santé, on se rend compte de ce que ça donne, des retraites miséreuses : des renoncements aux soins et des gens malades de leur travail.
Yasmina, également membre du syndicat SUD Santé, se mobilise sur les deux tableaux. « Nous sommes directement concernés par la réforme, puisque le montant de notre retraite ne sera plus calculé sur les six derniers mois mais sur toute notre carrière. » Elle craint que son « métier de femmes » (c’est un constat) soit doublement pénalisé. L’infirmière joint sa voix au « ras-le-bol général ».