Ils s’appellent Omar, Zoubida, Islam, Walid, Kamal, Fadi, Barthélémy, Nizar, Ryef… Médecins aux urgences de Saint-Denis, ils sont venus de Tunisie, d’Algérie, de Syrie – il y a même un Congolais formé en Russie – pour exercer dans des hôpitaux français. De quoi donner de l’urticaire au premier raciste du coin, mais pas de panique, ça se soigne. « En France, les urgences tiennent grâce aux médecins étrangers », rappelle Mathias Wargon, le chef de service. Bien placé pour le savoir, il essaie de se remémorer qui, parmi les 35 médecins de « ses » urgences, a obtenu son diplôme en France : « À part ceux du Smur, je dirais… Christine, François et moi. » Une évidence s’impose à lui : les postes vacants ne trouvent pas preneurs, sauf à recruter des « praticiens à diplôme hors Union européenne » (appelés Padhue). Leur statut reste toutefois précaire, tant sur le plan professionnel qu’administratif. Ils doivent travailler plusieurs années en France avant de pouvoir prétendre s’inscrire à l’Ordre des médecins, et ainsi exercer dans les mêmes conditions que leurs collègues.
Comme cinq autres médecins tunisiens, Islam Felfel, 30 ans, est arrivée aux urgences de Saint-Denis il y a un an, en tant que « stagiaire associée ». Ce statut, qui s’apparente à celui d’interne – même si les stagiaires associés ont terminé leurs études – est le plus courant pour les nouveaux arrivants. Ils gagnent environ 1 400 euros net sans les gardes.