Chaque jour, l’hôpital Delafontaine se livre à une partie de Tetris géante : trouver des lits aux patients qui doivent être admis. « 75 % à 80 % d’entre eux viennent des urgences », précise Marc Bouiri. Depuis cinq ans, cet ancien sage-femme devenu cadre de santé est responsable de la « gestion des lits » au centre hospitalier de Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis. Ici, tout le monde l’appelle le « bed manager »

Imaginez-vous aux urgences, victime d’une grosse crise d’asthme. Le médecin décide de vous hospitaliser. Vous n’avez plus qu’à attendre et trouvez le temps long. Mais en coulisses, une grosse machine s’est mise en branle pour vous trouver une chambre. Vous venez d’être « blanchi·e » dans le logiciel des urgences : l’étiquette qui matérialise votre présence a été passée en blanc pour indiquer votre future hospitalisation. Depuis son bureau, Marc Bouiri le voit. Le médecin qui s’occupe de vous regarde le dernier « état des lits » disponible : il reste une place en pneumologie. Il téléphone à un collègue de ce service pour lui présenter votre cas. OK, dit le pneumologue, je prends. Tope-là, répond l’urgentiste (on simplifie), qui n’a plus qu’à boucler votre dossier. Dans les heures qui suivent, les infirmières des urgences restent en contact régulier avec celles de la « pneumo » pour caler les détails de votre arrivée : dans combien de temps le lit sera prêt, la chambre nettoyée ? Au dernier moment, elles bipent les brancardiers pour qu’ils vous servent de chauffeurs privés.
Comme dans ce cas d’école, il arrive qu’une hospitalisation roule toute seule. L’hôpital compte 819 lits et places, les procédures sont bien rodées, chacun sait ce qu’il a à faire.