«Au moment de #MeToo, j’ai entendu une salariée harcelée sexuellement raconter son histoire à la radio. Elle expliquait : “L’inspection du travail m’a dit qu’elle ne pouvait rien faire pour moi.” Si on est passés à côté de ça, on ne remplit pas notre mission. » L’amertume est palpable. Comme plusieurs autres de ses collègues que Les Jours ont rencontrées, Sophie Poulet, inspectrice du travail et secrétaire nationale du syndicat SUD, regrette que l’institution qu’elle représente ne soit « pas forcément repérée comme un acteur-clé » dans les enquêtes sur des situations de harcèlement et ne soit pas plus sollicitée sur le sujet.
Les gens ne se présentent pas spontanément comme victimes de violences sexistes ou sexuelles, c’est pour ça que nous devons être vigilants.
Pourquoi ? « Souvent, ce genre de cas se termine par une démission ou une rupture conventionnelle. Parfois suivie d’un combat aux prud’hommes pour la requalification en licenciement. C’est une réaction classique de partir d’abord et d’attaquer ensuite », éclaire la syndicaliste. Pourtant, l’institution dispose de vraies possibilités d’enquête : entrer dans l’entreprise, entendre les employés, réclamer des documents, vérifier si l’employeur a initié, avant la plainte, des opérations de prévention sur les violences sexuelles… « Certaines victimes veulent seulement témoigner de leur situation, mais sans qu’on puisse donner suite », précise Alexandra. Domitille, inspectrice du travail depuis une dizaine d’années, rebondit :