Comme Bill Clinton ou Donald Trump, le candidat démocrate est accusé d’agression sexuelle. Son parti assumera-t-il la vague #MeToo ?
Son rôle dans la série.
Employée de l’État d’Arkansas aux origines modestes, elle porte plainte en mai 1994 pour harcèlement sexuel contre le président Bill Clinton. Elle l’accuse de s’être exhibé face à elle en 1991 alors qu’il était gouverneur. Entourée par des avocats et des journalistes conservateurs financés par le milliardaire libertarien excentrique Richard Mellon Scaife, sa plainte est dénigrée en 1998 par Hillary Clinton qui y voit une autre facette de ce qu’elle appelle la « vast right wing conspiracy » (le « grand complot d’extrême droite »). La plainte de Paula Jones a pourtant des conséquences historiques majeures et durables. Les avocats de Bill Clinton ayant argué de l’immunité présidentielle pour obtenir le renvoi de sa plainte, la Cour suprême est finalement amenée à trancher. Et elle décide, dans l’arrêt historique « Clinton v. Jones » de 1997, que le président des États-Unis ne dispose d’aucune immunité constitutionnelle pour des procédures civiles concernant des faits antérieurs à sa présidence. Après cet arrêt, les deux parties finissent par conclure en 1998 un accord à l’amiable avant procès, même si Bill Clinton n’y reconnaît aucun des faits reprochés. Cependant, la plainte a alors déjà eu des conséquences dramatiques pour Bill Clinton puisque, lors d’une déposition sous serment réclamée par les avocats de Paula Jones, il a affirmé n’avoir jamais eu de relations sexuelles avec Monica Lewinsky. Ce parjure aboutit, après l’enquête du procureur indépendant Kenneth Starr, au procès en « impeachment » de Bill Clinton au Sénat début 1999. Quant à Paula Jones, elle est retournée à l’anonymat, dont elle n’a été sortie que par Donald Trump auquel elle apporte son soutien en octobre 2016.
Par Corentin Sellin