Steevy est vendeur dans les boutiques SFR de l’Ouest de la région parisienne. Enfin, était. Il vient d’être licencié. Steevy a 26 ans et six ans de maison. Il était « volant » sur plusieurs boutiques de l’Ouest parisien. Et aimait son boulot de commercial. Il en a d’ailleurs déjà retrouvé un. Mais il reste choqué par ce qui lui est arrivé et raconte son histoire comme si lui-même n’y croyait pas. Il dit : « Je suis abasourdi. » Johnny est un peu plus âgé, il a 35 ans, il est manager et le porte sur lui. Johnny a fait toute sa carrière chez SFR. Il a commencé vendeur junior il y a près de dix ans, a grimpé les échelons et est devenu responsable du magasin du Forum des Halles, à Paris, le troisième plus grand de France. Johnny a été licencié presqu’en même temps que Steevy. Il emploie le même terme que lui d’ailleurs : « Abasourdi ». Deux licenciements avec un point commun : ils mettent en scène Armando Pereira, l’associé historique de Patrick Drahi et numéro 2 du groupe Altice, ainsi que sa sœur.
L’affaire de Steevy a été racontée dans le journal 20 Minutes il y a quelques semaines. Depuis, tous les syndicats se sont mobilisés. Fait rare chez SFR, où la contestation se fait usuellement à pas feutrés et pas franchement main dans la main. Ce jeudi 28 juin, ils ont tenté d’organiser une mobilisation devant les bâtiments SFR de Saint-Denis (l’ancien siège du groupe désormais à moitié vide). Les représentants syndicaux ont distribué des tracts à l’arrivée des salariés qui, pour la plupart, ont opposé une indifférence gênée. « Ici, les gens sont comme ça, ils ne veulent pas de problèmes, m’explique un syndicaliste. Et puis ça touche des vendeurs, ils ne se sentent pas concernés. » La présence de l’ensemble des syndicats, même les moins revendicatifs, en dit pourtant long sur ce que représentent ces deux licenciements. Ils dénoncent « un management par la terreur », « un fait du prince », « une organisation clanique en dehors du droit du travail ».
Le 15 mai dernier, une femme brune « d’une quarantaine d’années » est entrée dans la boutique de Montesson (Yvelines) où Steevy travaillait ce jour-là. Elle se présente comme une collaboratrice de SFR travaillant à La Défense et demande à ce qu’on puisse lui faire des photocopies. Elle a dans sa main des feuilles d’imposition. Steevy refuse, lui expliquant qu’il n’en a pas le droit. La femme s’énerve. Et prévient qu’elle est « la sœur d’Armando Pereira ». Steevy lui répond qu’elle pourrait être