Booba-Berdah. Le « duc de Boulogne » contre la « papesse des influenceurs » : une guerre sans merci, impitoyable, sale (lire l’épisode 1, « Influenceurs : le plus jeune métier du monde »). Officiellement, le rappeur a une révélation au printemps 2022, lorsqu’il se rend compte de la quantité de personnes lésées à la suite d’achats liés aux partenariats conclus par de nombreux influenceurs (lire l’épisode 4, « Les enquêteurs rament face aux dérives des influenceurs »). Magali Berdah estime, elle, qu’il aurait surtout trouvé un moyen de se venger après l’avoir vue intervenir à deux reprises dans des stories pour demander à ses influenceurs de ne pas rentrer dans des polémiques avec lui sur les réseaux. En quelques semaines, il mène une campagne contre ceux qu’il appelle les « influvoleurs ». Avec ses millions d’abonnés, il fait caisse de résonance et draine un public qui trouve là un moyen de se faire entendre. Seulement, Booba va beaucoup plus loin que la dénonciation de fraudes. Il veut défoncer tout un système et ses acteurs. Et en premier lieu Magali Berdah, qu’il attaque tous azimuts. Son physique, son mode de vie, sa judéité, ses affaires, sa famille… Booba mitraille à vue, consacre à sa cible plusieurs tweets par jour, qui se concluent inévitablement par des raids malveillants.
L’agente, fidèle à son habitude de ne rien laisser passer (lire l’épisode 9, « Magali Berdah, l’amazone d’influence ») , porte plainte dès le 25 mai 2022 pour « menaces de mort », « injure publique envers un particulier en raison de sa religion », « appels téléphoniques malveillants » et « harcèlement moral ». Cette plainte va décupler la haine du rappeur, qui ne la lâchera plus.
Booba assure ne pas harceler mais dénoncer les abus des “influvoleurs”. Autrement dit, il justifie au nom d’une cause prétendument supérieure le lynchage.
Un an plus tard, quand elle nous accorde un entretien, c’est en larmes qu’elle déroule le fil de la période qui vient de s’écouler. « On parle d’un gars suivi par six millions d’abonnés qui a donné mon adresse, a parlé sur mes enfants, a fait des montages de moi en couche-culotte, a diffusé une fausse sextape, m’a décrite comme islamophobe, mauvaise mère… Et ça, ce sont ses propos. Mais derrière, ça se transforme en actes. » L’historienne Marie Peltier, qui a documenté cette attaque en règle, estime que « le compte de Booba est dédié au cyberharcèlement, alors qu’il est suivi par une communauté dont l’adhésion semble forte, ses six millions de “pirates”. Il assure ne pas harceler mais dénoncer les abus des “influvoleurs”. Autrement dit, il justifie au nom d’une cause prétendument supérieure le lynchage ».