On savait Canal+ particulièrement imaginative en matière de motif de licenciement. Elle vient d’en fabriquer un nouveau : plusieurs journalistes du service des sports de Canal+ sont virés au prétexte qu’on les soupçonne d’être des sources des Jours. Parmi eux, deux membres de la Société des journalistes (SDJ) de Canal+, Nicolas Picquet et Solange Tricaud, également élue du personnel. Parmi eux, Guillaume Priou, coréalisateur du documentaire de Marie Portolano, Je ne suis pas une salope, je suis journaliste !, dont Les Jours ont révélé la censure par la direction de Canal+, dans le but de protéger son chroniqueur vedette Pierre Ménès.
Pour l’instant, ce sont cinq journalistes au moins qui ont été priés de faire leurs cartons, ceux dont Les Jours avaient dévoilé que les convocations à un entretien préalable à sanction ou licenciement étaient intervenues après des menaces proférées explicitement le 1er avril dernier lors d’un Comité social et économique (CSE) extraordinaire par Frank Cadoret, directeur général de Canal+, visant nos supposées sources (lire l’épisode 161, « Affaire Ménès : Canal+ lance la traque aux sources »). Disant en avoir « par-dessus la tête que quoi qu’on fasse, ça sorte dans Les Jours », Cadoret avait tonné : « On prendra notre responsabilité dans tous les domaines, je voulais vous prévenir. Cette histoire ne va pas rester comme ça, ça aura des conséquences. Vous vouliez des conséquences ? Eh bien je vous garantis qu’il va y en avoir. »
Et il y en a.