C’est une crise importante parmi toutes celles qu’affronte aujourd’hui la Turquie. Chassés par la guerre, quelque trois millions de Syriens ont trouvé refuge en Turquie où les autorités les considèrent comme des « invités », ce qui les maintient dans un statut précaire. Ils s’ajoutent aux Irakiens, aux Afghans, aux Somaliens, etc. Tous entassés dans un même pays, plus grand asile de réfugiés du monde, parce que l’Europe a fermé ses frontières, ne veut plus répartir l’accueil, prend son voisin turc pour un garde-frontière, et lui offre en échange six milliards d’euros, une libéralisation des visas, une relance du processus d’adhésion européenne (lire l’épisode 12, « Visas : l’humiliation récurrente »), et un silence complaisant face à la dictature qui s’installe.
Que provoque ce deal cynique en Turquie ? Quel accueil pour les trois millions de Syriens ? Quelles conséquences sur le travail, sur les loyers, sur la santé, l’éducation ? Quelles tensions avec les populations locales ? Les plus pauvres doivent partager le travail, salaires en baisse, loyers en hausse, pendant que les employeurs bénéficient d’une main-d’œuvre abordable, et font travailler les enfants syriens. La vidéo qui suit a été tournée par Les Jours en mai, dans un atelier clandestin de Gaziantep, près de la frontière syrienne. Début d’une série consacrée à ces réfugiés syriens massés en Turquie, puisque l’Europe n’en veut pas. Le premier reportage de la série, « Les petites mains syriennes de Turquie », est