Il a donc fallu que Neil Young, puis Joni Mitchell, puis d’autres artistes, podcasteurs et podcasteuses quittent Spotify (lire l’épisode 6, « Neil Young, Spotify et le virus de la désinformation ») pour que la plateforme, numéro un mondial de l’audio sur abonnement, applique ses propres règles de modération. En France ce mercredi même, en bannissant la chaîne de podcasts de l’essayiste antisémite Alain Soral, qui existe depuis des siècles dans ses pages, comme chez ses concurrents, malgré des signalements répétés. Ainsi qu’aux États-Unis ces derniers jours, en retirant plusieurs dizaines d’épisodes de The Joe Rogan Experience, son podcast star aux États-Unis et pilier commercial de sa stratégie dans ce secteur, après un nouvel élan sur les réseaux sociaux listant les épisodes où le très viriliste présentateur américain utilise le mot ultratabou « nigger ». Là non plus, Spotify ne peut pas dire qu’elle découvre la nature facilement polémique, voire carrément raciste ou homophobe, du podcast de Joe Rogan, car d’autres épisodes où il recevait notamment l’animateur de radio complotiste Alex Jones avaient déjà été retirés lorsque The Joe Rogan Experience est devenu une exclusivité de la plateforme en juillet 2021. Par contre, le numéro 1757 où il a accueilli le médecin antivax Robert Malone, visé par Neil Young et d’autres pour sa légèreté vis-à-vis de ce que le New York Times a qualifié de « litanie de mensonges pendant trois heures », est toujours en ligne.
Malgré tout, cette affaire s’arrêtera peut-être dans le statu quo qu’elle a atteint aujourd’hui.