Quand nous l’avions rencontrée mi-juin (lire l’épisode 6, « Marie-France qui se lève tôt »), Marie-France commençait un stage chez un couturier haut de gamme. En périphérie de Montargis, une cinquantaine d’ouvriers fabriquent des chemises pour les grandes marques de luxe. Leurs confections habillent même les appariteurs de l’Élysée. Au chômage depuis dix-huit mois, Marie-France avait vu passer chez Pôle emploi une offre de mécanicienne sur piqueuse plate
et avait tenté sa chance.
Son BEP en vente et retouche, dont elle ne s’est jamais servi, était un peu léger pour le poste. Le métier demande une précision extrême et de la rapidité. Mais le patron avait accepté de la prendre à l’essai, pour une mise en situation en milieu professionnel
. Autrement dit, un stage. Marie-France était ravie de ce test en condition réelle et espérait bien qu’il se transforme en embauche. Elle s’est donnée à fond. Après deux semaines dans le métier, elle jargonnait déjà, parlant de gorges de manche
, de points d’arrêt
, d’angles bien carrés
. Elle travaillait depuis plusieurs jours sur la même patte de manche et ne comptait pas la rendre avant qu’elle soit parfaite
. Les horaires n’étaient pas déplaisants
, le boulot payé au smic, mais comme partout
.
Malheureusement, son stage n’a pas débouché sur un contrat. Le dernier jour, un vendredi vers 16 heures, le patron lui a annoncé qu’il ne la garderait pas. Elle avait progressé depuis son arrivée, mais tout n’était pas encore