De Marseille
Attention, la scène qui suit ressemble plus au film BAC Nord qu’à la réalité. Le 6 septembre dernier, trois fonctionnaires adeptes des quartiers sensibles partent en opération à la cité Frais-Vallon. Les agents font partie de la BST (Brigade spécialisée de terrain) du XIIIe arrondissement de Marseille. Sur place, ils identifient un « charbonneur »
En fonction des tensions qui nous remontent, on déploie les CRS pour saturer le terrain de Bleus. C’est une manière d’occasionner des pertes de chiffres d’affaires importantes pour le trafic.
Ce genre de fiasco est « rarissime à Marseille », souligne La Provence qui révèle l’affaire. Cela n’empêche qu’il a fait grand bruit. Il faut dire qu’Emmanuel Macron s’était rendu dans les quartiers nord cinq jours plus tôt… afin d’annoncer 200 renforts policiers pour 2022 (lire l’épisode 1, « À Marseille, trafics et morts en bandes organisées »). À l’origine, les nouvelles recrues devaient s’étaler jusqu’en 2023. Une avance saluée par les effectifs sur place, épuisés par ces opérations répétitives consistant à harceler les petits dealers visibles sur les points de vente. À Marseille, on appelle cela la stratégie du « pilonnage ». L’objectif ? Déstabiliser les trafics en multipliant les opérations de terrain. Chaque geste compte : la moindre arrestation, la moindre saisie et, même, le moindre jour de présence. Cet acharnement est le fruit d’une promesse, formulée par la préfète de police des Bouches-du-Rhône Frédérique Camilleri dès son arrivée en décembre 2020. L’énarque venait de quitter son poste de directrice adjointe du cabinet de Didier Lallement, préfet de police de Paris.