De Marseille
Luc a le teint pâle et des yeux cernés. Ses cheveux sont plaqués en queue-de-cheval, et une raie soigneusement tirée au milieu de son crâne cache un début de calvitie. Pour le réseau, c’est un vieux. Il a 25 ans et sept condamnations, dont cinq pour trafic de stupéfiants. Le 13 septembre, il travaille à la cité Bassens (XVe arrondissement). Il officie comme « charbonneur », petit vendeur de bout de chaîne en contact direct avec les clients. Le poste est risqué. Facilement repérable pour les consommateurs, il l’est aussi pour la police lors des opérations de pilonnage (lire l’épisode 3, « À Marseille, la police agite la peur bleue »). Voilà donc que ce 13 septembre, un énième client pointe au « cannabis drive » de Bassens. C’est lui qui aperçoit en premier les policiers et alerte Luc. « Donc là, j’ai fait comme si je connaissais le client. Je lui ai dit au revoir normal, et je suis parti tranquillement », avoue-t-il. Mais quand les policiers se mettent à sa poursuite, Luc se rabat sur l’option que tous les malheureux, coupables ou innocents, ne connaissent que trop bien : courir. Fraîchement embauché, il connaît mal les recoins de Bassens et se fait vite rattraper. Il comparaît ce 25 octobre devant le tribunal correctionnel de Marseille.
Ce jour-là, sur les dix-huit dossiers répartis entre les deux chambres, la moitié concernent le trafic. Celui-ci se matérialise toujours par les quatre mêmes délits : le transport, la détention, l’offre ou la cession, et l’acquisition non autorisée de stupéfiants. Luc n’est qu’une poussière dans le calendrier des magistrats. D’ailleurs, son cas est expédié plutôt rapidement

Luc a été interpellé avec une misère : 14 grammes de cannabis et 2 grammes de cocaïne.