«La beauté, je suis tombée dedans quand j’étais petite fille », raconte Muriel Vandendriessche, conseillère chez Nocibé depuis vingt-cinq ans. « J’accompagnais régulièrement une femme de ma famille dans un institut de beauté et ça me captivait. À 12 ans, je savais déjà que c’était là que je voulais travailler, au point que j’ai orienté toute ma scolarité vers cet objectif. » CAP d’esthétique, puis bac professionnel en alternance chez Nocibé. Quand elle raconte son parcours, la conseillère et esthéticienne ne cache pas un brin de regrets. « Si on m’avait poussée dans les études, j’aurais pu avoir davantage de cordes à mon arc, me reconvertir plus facilement », dit-elle. Son emploi au magasin d’Armentières, dans le Nord, n’est pourtant pas concerné par le plan social lancé par l’entreprise de parfumerie en janvier dernier (lire l’épisode 1, « Chez Nocibé, un plan social de toute beauté »). « Mais l’annonce subite que Nocibé allait fermer 62 boutiques a touché bien au-delà des salariées concernées par les futurs licenciements », note Véronique Moreau, déléguée CFTC
Quand Muriel débute dans l’entreprise en 1996, Nocibé est une société familiale en plein développement, qui projette tout juste son entrée au second marché de la bourse l’année suivante. Elle a alors 24 ans et se dévoue toute entière à sa profession. Pendant trois ans, elle vogue au gré des affectations, à Béthune ou Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais, à Sens, dans l’Yonne, à Leers, dans le Nord… Esthéticienne et conseillère vendeuse, elle grimpe les échelons jusqu’à devenir responsable adjointe du magasin d’Armentières. La vie file, Muriel se marie, a un enfant. Mais la naissance est suivie d’importants problèmes de santé. Elle est arrêtée environ six mois après son congé maternité. « À mon retour, j’ai bien compris que mon absence aurait des conséquences, raconte-t-elle.