Sébastien a passé trois ans en prison. Quand il en parle, le quinquagénaire lâche parfois des petits rires. Lorsqu’il évoque ces gars de l’Est par exemple, qui distillaient de l’alcool de fruits dans leur cellule pour le revendre en promenade. Mais le plus souvent, son sourire se tord. Comme quand il décrit ce jour où « un camarade » refuse de se soumettre à une fouille à nu. « C’est humiliant au bout d’un moment, raconte-t-il. Alors il n’a pas voulu se laisser faire. » Le gardien le plaque contre le mur, le déshabille de force et le frappe. Le sourire de Sébastien s’efface encore un peu plus en songeant à cet autre camarade arrivé souffrant en détention et dont l’état s’est dégradé jusqu’à nécessiter un fauteuil roulant. « Les surveillants le soupçonnaient de faire semblant d’être handicapé pour sortir plus vite, murmure Sébastien. Ils le maltraitaient, ils jetaient sa cantine dans la cellule. C’est même arrivé qu’ils jettent sa gamelle par terre. »
Combien sont-elles, ces violences physiques ou morales, perceptibles ou diffuses, commises par des surveillants à l’encontre de détenus ? Du côté des syndicats pénitentiaires, personnel comme direction, on réfute l’idée d’un phénomène qui serait systémique. Tout au plus admet-on la présence de brebis galeuses immédiatement sanctionnées. Si elles sont l’œuvre d’une minorité, ces violences protéiformes restent toutefois impossibles à mesurer faute d’un décompte officiel. De son côté,