Les dépenses de la campagne d’Emmanuel Macron pour sa réélection seront scrutées de près. Au cours de la présidentielle de 2017, le montant alloué aux sondages dans ses comptes s’est élevé à 325 000 euros – il approchait les 200 000 euros du côté de Marine Le Pen ou François Fillon. Cette somme sera-t-elle aussi importante en 2022 ? Cette fois, le locataire de l’Élysée a notamment accès aux études du Service d’information du gouvernement (SIG) qui donnent un aperçu hebdomadaire des tendances de l’opinion (lire l’épisode 4, « Au sommet de l’État, l’opinion aux commandes »). Pendant la présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy, lui aussi président-candidat, avait déclaré des dépenses très faibles en matière de sondages : un peu plus de 110 000 euros, contre 527 000 euros lors de sa première campagne, cinq ans plus tôt. À cette époque, l’Élysée était particulièrement bien abreuvé en études d’opinion, grâce à des commandes directes passées aux sociétés du conseiller occulte Patrick Buisson, sans aucune mise en concurrence. Ce point fut au centre des débats lors du procès qui s’est tenu devant le tribunal correctionnel de Paris à l’automne dernier (lire les épisodes 2 et 3). Lequel a condamné, ce vendredi, Claude Guéant, ancien secrétaire général de l’Élysée, à un an de prison dont huit mois ferme, et Patrick Buisson à deux ans de prison avec sursis.
Pendant une présidentielle, la dépendance aux sondages des candidats ne se dément pas. Elle tend même à s’accroître, selon le professeur en sciences de l’information et de la communication, Nicolas Hubé, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet : « Les campagnes se déroulent selon un rythme de plus en plus effréné. Les équipes se lancent parfois sans aucun parti, ni aucune écurie. Les sondages deviennent un argument central pour savoir si un candidat y va ou non, s’il se maintient ou se retire. » La candidature d’Éric Zemmour s’est nourrie d’études testant son entrée en campagne dès le printemps, puis à la rentrée 2021. Celle d’Anne Hidalgo, qui n’a jamais décollé dans les sondages, a rapidement été plombée. Plus nombreux, ils font de plus en plus argument d’autorité.
La publication d’étude tend à influer sur le scrutin – même si les sondeurs continuent à présenter leur travail comme une simple vision objectivée de l’état de l’opinion à un instant donné.