Le plan à court terme des constructeurs d’automobiles est simple : faire pareil, mais en électrique. D’ici à 2025, toutes les marques prévoient ainsi de faire basculer la grande majorité de leur gamme de voitures individuelles vers le full électrique ou l’hybride, avant d’arrêter totalement les moteurs à essence et diesel d’ici à 2030. Le SUV jouera un rôle important dans ce virage des plus délicats ; c’est même l’un des seuls arguments en faveur de ce type de véhicule encombrant à être revenus régulièrement lors des interviews menées pour cette enquête. « Le gros avantage du SUV, c’est que sa taille se prête très bien à l’installation des batteries, m’a ainsi expliqué Guillaume Devauchelle, le directeur technique de l’équipementier Valeo. Comme ce sont des véhicules qui sont plus hauts, on peut facilement y placer les batteries sous le plancher, là où elles doivent être si on veut conserver une bonne tenue de route. »
Le gigantisme des SUV compenserait donc la taille actuelle des batteries, qui ont encore beaucoup de chemin à faire vers la miniaturisation. Même son de cloche au cabinet IHS Markit, pour qui Romain Gillet scrute la production automobile afin d’anticiper son évolution à la voiture près. « Le SUV a des avantages pour l’électrification, estime-t-il. Aujourd’hui, les batteries sont assez grosses et demandent un empattement important entre les roues, c’est pour ça que les grands SUV d’Audi ou de Porsche sont les premiers à passer en hybride. Ça ne va pas pousser à une diminution de la taille des voitures, c’est sûr. »

Autre avantage bizarre du SUV, selon les constructeurs et les analystes : d’emblée, il est plus cher. « Quand on parle d’un BMW X3 », qui coûte au minimum 45 000 euros, « c’est plus facile de faire passer le surcoût de l’électrification au client », continue Romain Gillet. Car l’électrique est bien plus cher qu’un bête moteur essence ou diesel que l’on fabrique en masse depuis des décennies. Il faut prévoir une rallonge de plusieurs milliers d’euros, même pour les petits modèles. La nouvelle Clio à essence s’affiche ainsi à 18 000 euros quand son équivalente « zéro émission », la Zoe 100 % électrique, démarre à 23 200 euros. Or, si la majorité des acheteurs ne sont pas prêts à assumer le surcoût écologique aujourd’hui, ceux qui aiment les SUV comptent moins leurs sous. « Sur un SUV à 25 000 euros, le client a déjà fait le choix de se payer une voiture plus chère » qu’une berline équivalente, estime encore l’analyste de IHS Markit.