The Balkanys

Fils de bonne famille, avec un père d’origine hongroise résistant et rescapé des camps de la mort, Patrick Balkany est né le 16 août 1948 à Neuilly-sur-Seine. Grand (1,93 m), belle gueule, adolescent, il rêve de faire du cinéma. Rêve qui ne va pas durer, car le destin lui fait croiser la route d’Isabelle Smadja en 1975. Un an plus tard, celle qui est devenue sa femme l’oriente vers la politique. Commence alors l’aventure d’un des jeunes flibustiers du RPR (Rassemblement pour la République) de Jacques Chirac qui va conquérir une à une les marches du pouvoir avec son meilleur ami et voisin, Nicolas Sarkozy, lui aussi fils d’immigrés hongrois. Élu maire de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) en 1983, puis député dans la 5^e circonscription du département, Patrick va surtout s’illustrer par ses frasques électorales et son sens inné de l’affairisme politique, à une époque où aucune loi ne régule encore le financement des partis politiques. Jusqu’à maintenant, Patrick Balkany était toujours passé à travers les mailles du filet judiciaire. C’est, pourrait-on dire, pour l’ensemble de son œuvre qu’il doit comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris, à partir du 13 mai 2019, où il devra répondre des délits de « blanchiment de fraude fiscale, corruption passive, blanchiment de corruption, prise illégale d’intérêt et déclaration incomplète ou mensongère de situation patrimoniale ».

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Isabelle Balkany est née Smadja, le 20 septembre 1947 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), dans une famille juive tunisienne très aisée, grâce à son père qui a fait fortune dans l’import-export. Élève brillante, très douée pour écrire et parler, elle commence par devenir journaliste à Combat puis communicante à Europe 1, tout en fréquentant assidûment le milieu politique, en penchant à droite, tendance chiraquienne. Son coup de foudre pour Patrick la fait définitivement basculer dans l’univers impitoyable du 9-2, où la victoire politique se joue à coups de barres de fer et de valises de cash. Infatigable bretteuse, grande organisatrice, Isabelle Balkany est la cheville ouvrière, l’impresario et la première supportrice de son élu de mari. Habituée à mener grand train (de vie), elle entretient avec un soin particulier les meilleures relations avec toutes les femmes de Nicolas Sarkozy. Mais surtout, n’y voyez pas malice.

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Élève méritant de la République, passé par l’ENA (promotion André-Malraux, 1977), Didier Schuller est né le 8 juin 1947 à Paris, dans une famille alsacienne bourgeoise. S’il écume les cabinets, il a l’occasion, au ministère de l’Équipement, de côtoyer les fleurons du BTP français, qu’il aide à s’implanter au Moyen-Orient. En parallèle, il accompagne son ami Patrick Balkany dans la mise en place d’un système clientéliste s’appuyant sur la gestion du parc social des Hauts-de-Seine, puisqu’il dirige l’office HLM du département de 1986 à 1994. Parallèlement, Didier Schuller entame une carrière politique en partant à la conquête de Clichy-la-Garenne, épopée brillamment filmée par le documentariste Christophe Otzenberger. Exilé durant sept ans aux Bahamas et en République dominicaine, notre porteur de valises rentre en France pour y payer sa dette (judiciaire), puis décide de se venger de son ancien ami Balkany qui, estime-t-il, n’a pas tenu sa promesse de le soutenir dans son come-back à Clichy-la-Garenne.

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« RVR » est le genre à ne jamais rien laisser au hasard. Tous les habitués de la galerie financière du Palais de justice le savent : si vous vous retrouvez un jour dans son bureau, c’est rarement par accident. Il y aura forcément une pièce comptable, un fax, un bordereau ou une quelconque écoute téléphonique pour vous confondre. Il faut dire que depuis l’affaire Robert Boulin (son premier gros dossier), Renaud Van Ruymbeke a appris à ne jamais croire sur parole ses clients, en particulier ceux issus du milieu politique. De Nicolas Sarkozy à Alfred Sirven, de Karachi à Elf Aquitaine, il n’y a pas beaucoup d’affaires financières de la V^e République qui lui ont échappé. Avec toujours, beaucoup de fair-play, sans doute parce que l’homme est un pianiste accompli.

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Des deux enfants Balkany (sa sœur cadette Vanessa est plus effacée), Alexandre, né le 23 juillet 1980 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), est l’héritier qui ne semble pas à la hauteur des standards familiaux. Un peu chef d’entreprise, un peu fils à papa (et maman), il paraît écrasé par ses deux parents à qui il sert d’homme de paille. Mauvais choix, car cela lui vaut d’être poursuivi pour « blanchiment de fraude fiscale » dans l’affaire de la villa marocaine.

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Arnaud Claude est un expert. Mais de quoi ? Des montages financiers offshore les plus sophistiqués dans les plus beaux paradis fiscaux de la planète ? Des négociations ardues avec les promoteurs immobiliers les plus roués ? Ou bien des back doors, les portes dérobées indispensables aux deals les plus secrets ? Difficile de se faire une opinion tranchée, tant l’avocat, ex-associé de Nicolas Sarkozy, cultive la discrétion. Peu de photos, pas d’interviews, de rares traces de ses interventions dans les affaires du clan B. Pourtant, le juge Van Ruymbeke a décidé de le renvoyer devant le tribunal pour « complicité de corruption » et « blanchiment de fraude fiscale ».

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Plus subtil que le numéro 1, Mohamed Al-Jaber, il ne s’est pas fait accrocher par la patrouille judiciaire. Pourtant, cet industriel belge installé en République démocratique du Congo depuis plusieurs décennies, a lui aussi été très généreux avec Patrick, en lui versant une grosse commission, pour un deal qui ne s’est jamais concrétisé – comme Mohamed Al-Jaber. C’est bizarre, cette manie. Mais Georges a bien des ressources sur le continent africain, où il a le bras long jusque dans la plupart des présidences, là où se niche le vrai sens des affaires.

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Dans le jargon politique, on pourrait le décrire comme le meilleur soldat de la Balkanie. En tout cas, celui qui est prêt à se sacrifier corps et âme pour son chef, quelles que soient les conséquences. En se retournant sur son parcours, Jean-Pierre Aubry sait qu’il doit (pratiquement) tout à son ami Patrick. À 20 ans, bon joueur de basket, il se blesse au genou, mettant ainsi fin à une carrière qui aurait pu l’emmener loin sur les parquets. Il devient gardien de stade. Une fois élu maire, Patrick en fait son directeur de cabinet, puis le patron de la Semarelp, la société d’économie mixte qui gère l’aménagement de Levallois. À ce titre, il connaît parfaitement les affaires immobilières de la commune. Ce n’est pas tout : Jean-Pierre Aubry va aussi servir de factotum dans les affaires immobilières privées du couple B. Et là, les ennuis commencent.

Retrouvez tous les épisodes avec Jean-Pierre Aubry.

Maçon autodidacte, il doit sa fortune aux bonnes relations entretenues avec la famille royale saoudienne. Fortune qu’il a su diversifier dans différents secteurs : hôtellerie, agroalimentaire, tourisme, pétrole… Comme l’indique modestement son site internet, il a aussi été « plusieurs fois nominé pour le prix Nobel de la paix, pour avoir dirigé des institutions et des universités globales » ! Plus trivialement, il a versé une grosse commission à Patrick qui a permis à ce dernier d’acheter le joli riad de Marrakech. Et tout ça pour un deal qui ne s’est jamais concrétisé. Tiens, tiens… Il est jugé pour « corruption active ».

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Résistant à 15 ans, vendeur de Pastis à 25 ans (il finira sa carrière comme numéro 2 du groupe Ricard) puis reconverti en politique à 50 ans, Môssieur Charles sera l’artisan et le patron de la conquête des Hauts-de-Seine par les gaullistes dans les années 1970-80. Il restera aussi comme l’un des mentors de l’ascension politique de Jacques Chirac, jusqu’à la trahison de 1995, où il choisit de soutenir le camp d’Édouard Balladur. Homme de réseaux (il fut l’un des fondateurs du Service d’action civique, la milice gaulliste), très actif en Afrique, il a marqué son époque comme ministre de l’Intérieur à deux reprises, en défendant des réformes de plus en plus restrictives sur le droit des étrangers. Il a toujours protégé les turpitudes du couple Balkany, qui le vénérait jusqu’à sa disparition, en 2015.

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Arnaud de Courson de la Villeneuve (raccourcissez le patronyme), 54 ans, est un peu le Raymond Poulidor de Levallois : souvent deuxième, mais avec panache et la sympathie affichée de ses concitoyens. Opposant historique aux Balkany, cet analyste financier reconverti comme chasseur de têtes a très tôt choisi la droite centriste. D’abord comme membre des Jeunes Giscardiens dans les années 1980, puis de l’UDF de François Bayrou dans les années 1990, et enfin encarté aux Républicains. Des choix pas toujours gagnants, puisqu’il échoue à se faire élire député en 2017, battu par une candidate En marche. À son palmarès, il compte tout de même une victoire aux élections départementales en 2011, où il bat sèchement Isabelle, à la régulière. Comme Poulidor, il a le courage de souvent s’opposer à Patrick en conseil municipal, pour épingler les turpitudes du maillot jaune du 9-2.

Retrouvez tous les épisodes avec Arnaud de Courson.