C’est un léger paradoxe : cette semaine, Canal+ pourrait, à la faveur de la déconfiture du groupe espagnol Mediapro, récupérer l’ensemble des matches de Ligue 1 en même temps que la chaîne pourrait perdre son commentateur vedette Stéphane Guy. À ceci près que, si Canal+ n’est pour rien dans ce brusque retour d’affection footballistique, elle est totalement responsable de ce qui va arriver à Stéphane Guy, sanctionné pour avoir, attention c’est super grave, dit à l’antenne quelques mots pour Sébastien Thoen, humoriste viré pour avoir parodié la chaîne d’info maison CNews. Car c’est bel et bien la porte que risque désormais le journaliste, en tout cas c’est la menace que fait peser la direction de Canal+. Oui, pour ces quelques mots.
Jeudi 10 décembre, on apprend dans L’Équipe la mise à pied de Stéphane Guy, suspendu d’antenne jusqu’au 18 décembre prochain. Mais ce n’est pas pour commenter un nouveau match qu’il a rendez-vous ce vendredi, c’est à la DRH de Canal+ qu’il doit se rendre, selon nos informations. Rembobinons : Sébastien Thoen commet, avec ses comparses habituels (Julien Cazarre, Thomas Séraphine) un sketch pour le compte de Winamax, le site de paris en ligne. C’est inscrit en toutes lettres dans son contrat d’image avec Canal+, il en a le droit. Mais parodier CNews, ainsi qu’il le fait dans ce sketch semble relever de la Cour pénale internationale et Thoen est viré (lire l’épisode 144, « Bolloré : souriez, vous êtes viré »). Déjà, c’est plus que moyen, mais dans un groupe où Vincent Bolloré manie mieux le licenciement que l’humour, c’est habituel. Le 5 décembre suivant, alors que s’entame la deuxième mi-temps de Montpellier-PSG, diffusé en direct sur Canal+, le commentateur du match Stéphane Guy lâche donc ces quelques mots : « Je salue l’ami Sébastien Thoen, qui n’a peut-être pas eu la sortie qu’il aurait méritée. Et comme le disait Coluche, l’un des pères fondateurs de notre belle chaîne Canal+ : “Il faut se méfier des comiques, parce que quelquefois, ils disent des choses pour plaisanter.” » Que n’avait-il dit…
Ça signifie qu’on écarte le collaborateur pour mise en danger de l’entreprise, c’est très grave. J’aimerais bien qu’on m’explique en quoi Stéphane Guy met en danger Canal+ !
Le mercredi suivant, Stéphane Guy apprend qu’il est privé d’antenne : il est sous le coup d’une mise à pied conservatoire. C’est-à-dire, en droit du travail, que les faits reprochés au salarié sont d’une gravité telle qu’elles rendent impossible son maintien dans l’entreprise.