«Cette histoire de financement du Centre national de la musique (CNM) est en train de faire sortir le pire de chacun. On est face à l’argent de la vieille, un truc complètement hystérique depuis un an et demi et on n’en sort pas. » La phrase est signée Bertrand Burgalat, président du Snep, le Syndicat national de l’édition phonographique, celui des grosses maisons de disques, et en même temps patron du petit label indépendant Tricatel. Elle résume efficacement le psychodrame dans lequel se noie le monde de la musique français depuis la fin de la crise du Covid et du quoi qu’il en coûte. À l’époque, le gouvernement avait fortement soutenu les artistes, producteurs et salles de concerts à l’arrêt, à travers le Centre national de la musique tout juste créé le 1er janvier 2020 pour rassembler tous les acteurs du secteur et mieux défendre la création française au niveau international. Mais ce moment suspendu laissait une grosse question à résoudre, qui s’est posée crûment dès la parenthèse Covid refermée : le CNM n’a pas de financement pérenne. Il n’est aujourd’hui que l’agglomération d’anciennes structures et de leurs moyens, qui proviennent pour beaucoup de perceptions sur la billetterie des concerts, alors que son système d’aides concerne aussi bien l’écriture et la production de la musique que sa diffusion lors de tournées. C’est tout le modèle français de soutien à la diversité artistique et à des formes qui ne peuvent exister par le seul marché qui est contenu dans cette question du financement.