De Grenoble
Jusqu’au bout, le grand oral aura surtout fait figure de grande incantation du grand manitou
L’objectif n’est pas de coller les gamins mais qu’ils montrent qu’ils savent s’exprimer et défendre leur point de vue.
Lucas, Ludivine, Nicole, camarades de TG4 d’Ichrak, compteront parmi cette première génération de lauréats à avoir largement essuyé les plâtres des ambitions disruptives en matière d’éducation de la macronie. Malgré l’angoisse des élèves (lire l’épisode 10, « Oral, ô désespoir »), les protestations des enseignants et même celles des inspecteurs d’académie et inspecteurs pédagogiques régionaux, peu connus pour leurs velléités révolutionnaires, le grand oral a été maintenu. « Savoir argumenter, savoir écouter, être capable de parler tout simplement » est une « compétence fondamentale », a insisté le ministre Jean-Michel Blanquer, VRP omniprésent sur les plateaux télé de cette innovation qu’il tient, « quoi qu’il en coûte », à punaiser sur son tableau d’inventaire politicien. Sans doute pour l’agiter sous le nez des électeurs, tel un grigri, au moment opportun. Après des mois de valse-hésitation, entre déni face à l’impréparation des élèves et « aménagements » consentis à la marge, l’épreuve ressemblera « plus à un exposé avec une problématique qu’à un suivi de fond d’un sujet », estime avec clairvoyance Lucas.

« Être capable de parler » constitue indéniablement un atout dans la vie. Reste à savoir de quoi on va causer. Selon les plans ministériels, le grand oral, qui porte sur deux questions traitant des enseignements de spécialité choisis par les élèves, aurait dû être travaillé dès la classe de première.