Volte-face sur la campagne

Passée par TF1 et LCI, c’est sur BFMTV que Ruth Elkrief accède au vedettariat journalistique et donne toute sa mesure. Au titre de ses distinctions (on ne parle pas de sa Légion d’honneur remise par Christine Albanel en 2008), on retiendra cette question au directeur du Canard enchaîné suite à ses révélations sur l’affaire Fillon : « Avez-vous l’intention de feuilletonner longtemps ce poison lent qui influe sur l’élection ? » Ou bien celle-ci, à Jean-Luc Bennahmias : « Mettre fin au diesel, est-ce que ce n’est pas une question de bobo ? » Ou encore cette indignation après la conférence de presse de François Fillon le 6 février : « Il y a une demande parfois un peu totalitaire de transparence. » Sans oublier, bien sûr, son scoop sur la candidature de François Bayrou démenti quelques instants après.

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Bonne idée que d’avoir écarté Christophe Barbier de la direction de la rédaction de L’Express en 2016. Sauf que, du coup, maintenant plus encore que par le passé, ce journaliste politique à l’éternelle écharpe rouge squatte les plateaux télé pour livrer ses analyses politiques de haut vol. Éditorialiste (et conseiller éditorial), c’est d’ailleurs désormais très officiellement son poste au sein de SFR Média (proprio deL’Express et Libération) et c’est à ce titre qu’on le retrouve sur BFMTV, qui appartient au même groupe. Il hante également le plateau de C dans l’air sur France 5. Récemment, on l’a vu très chonchon après la victoire de Benoît Hamon : « J’espère qu’il en a bien profité parce que c’est fini » et très admiratif de  la résilience » de François Fillon. Ce qui est sûr, c’est que chez Christophe Barbier, il n’y a de rouge que l’écharpe.

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Mais quelle santé ! Anna Cabana – le nom de son ex-mari Yves, ancien directeur de cabinet d’Alain Juppé – est en permanence à l’antenne de BFMTV en même temps qu’elle occupe le poste de cheffe du service politique du Journal du dimanche et qu’elle tient des « Carnets » dans Le Télégramme. À la télé, elle verse dans l’analyse politico-freudienne soulignée à grands renforts de mouvements de bras, de cheveux et de battements de cils. Fillon reconnaît des erreurs ? C’est « véritablement un travail sur soi proprement incroyable » de la part d’« un homme qui a ressenti le danger de la solitude ».
Depuis la présidentielle de 2017, Anna Cabana a quitté « Le JDD » et a renoncé à « Sud Ouest » face à la bronca des journalistes, soucieux du conflit d’intérêt du fait du nouvel époux de la journaliste, Jean-Michel Blanquer.

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Puisque 1+1=2 (on est d’accord) et que François Lenglet verse dans le journalisme quantitatif, alors il ne peut qu’avoir raison : les chiffres, il n’y a que ça de vrai. Venu des Échos, de La Tribune et de BFM, François Lenglet, 55 ans, sévit depuis 2002 sur France 2 avec ses statistiques, ses courbes, ses chiffres, sa vérité. Las, sa langue lui joue des tours : il a qualifié de corrompu le président bolivien Evo Morales (c’était faux) et a jugé le programme économique d’Emmanuel Macron de raisonnable et cohérent (sur France 2) et de réaliste et efficace (sur RTL où il émarge également).

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Depuis qu’il a annoncé le retrait d’Alain Juppé de la vie politique en 2004 alors que l’intéressé annonçait l’inverse simultanément sur TF1, David Pujadas, 52 ans, fait gaffe. Mais à force – seize ans qu’il tient le JT de 20 heures de France 2 – de fréquenter les puissants, il sait ce qu’est un homme d’État et de quel bois il doit être fait. Fin mars, il demandait à Benoît Hamon : « Est-ce que vous vous sentez prêt à endosser ce lourd costume présidentiel ? » La question valait réponse : non. En fin journaliste, David Pujadas sait également ce qui est intéressant et ce qui ne l’est pas. Lors du débat de l’entre-deux-tours de la primaire de gauche, il a évacué l’état d’urgence que voulait aborder le même Hamon : « C’est un débat technique. » Ah, d’accord.

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« L’éditorialiste est comme un tuteur sur lequel le peuple, comme du lierre rampant, peut s’élever », a dit dans Le JDD et sans rigoler le meilleur d’entre eux, Christophe Barbier. Que penser alors de Bruno Jeudy ? En débat face à ses pairs sur BFMTV ou dans C dans l’air (France 5), celui qui, à 53 ans, officie dans la presse Lagardère (de Paris Match au Journal du Dimanche ou peut-être est-ce l’inverse) ne se fend pas de la saillie ignominieuse qui va faire hurler Twitter. Comme ses semblables, Mélenchon et Poutou le rebutent, bien sûr, mais lui ne se mouille pas : il résume, il approuve, il analyse au ras des pâquerettes, invariablement. Pour poursuivre la métaphore jardinière de Barbier, Bruno Jeudy n’est pas un tuteur, il tient plutôt de la brouette : il ramasse tout.

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Il gagne à être connu, Alexandre Devecchio, 30 ans. Journaliste au Figaro et membre du comité Orwell (un magma souverainiste de droite qui se plaint de n’avoir pas la parole dans les médias et qui est emmené par la paria Natacha Polony), il gagne peu à peu sa place au zinc des éditorialistes de BFMTV. Son trip à lui, c’est François Fillon. Alexandre Devecchio a vu la manif du Trocadéro comme « une démonstration de force » où Fillon « a fendu l’armure » et « cloué le débat ». Au sujet des bisbilles judiciaires du même Fillon, il a réclamé la création d’une instance « pour juger les juges ». Quand on vous dit qu’il gagne à être connu.

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