La garde à vue de ce témoin-clé de l’affaire a couru sur plus de trente-trois ans. Elle vient d’être annulée par la cour d’appel de Paris.
Son rôle dans la série.
Né le 19 mai 1952 à Jarnac (Charente), Jean-Michel Lambert a pris son premier poste de magistrat au tribunal d’Épinal en février 1980. Il se retrouve saisi du dossier d’assassinat de Grégory Villemin quatre ans plus tard. Débordé par l’ampleur de cette affaire, le « petit juge », comme il se définit lui-même, accumule les erreurs de procédure qui aboutissent à l’annulation de pièces majeures du dossier. Fasciné par les médias, bavard et curieux, le juge aux grosses lunettes a du mal à résister aux pressions, et scelle bientôt une sorte de pacte avec Jacques Corazzi, commissaire de la PJ criminelle de Nancy, Jean-Michel Bezzina, l’influent correspondant de neuf médias nationaux, et Gérard Welzer, l’avocat de son inculpé Bernard Laroche. Du coup, il éjecte les gendarmes et renie ses propres directions d’enquête. En année sabbatique en 1987, Jean-Michel Lambert écrit Le Petit Juge (Albin Michel, 1987), sévèrement critiqué à cause de ses allusions à son asthénie sexuelle pendant l’affaire et au charme étrange, indescriptible de la mère de Grégory, Christine Villemin, qu’il poursuivra par la suite. Relégué au rang de simple juge d’instance à Bourg-en-Bresse (Ain) de 1988 à 2003, Jean-Michel Lambert a fini vice-président du tribunal de grande instance du Mans en 2014. le « petit juge » à la retraite a écrit une sorte de mea culpa mesuré, De combien d’injustices suis-je coupable ? (Le Cherche midi, 2014). Le 11 juillet 2017, il est retrouvé mort chez lui à côté du Mans, un sac plastique sur la tête. Selon les premiers éléments recueillis par la police judiciaire, il se serait suicidé par asphyxie.
Par Patricia Tourancheau
La garde à vue de ce témoin-clé de l’affaire a couru sur plus de trente-trois ans. Elle vient d’être annulée par la cour d’appel de Paris.
Pour le premier enquêteur de l’affaire Grégory, il n’y a pas d’énigme : avant d’être écarté, il suivait la bonne piste.
Pour « Les Jours », l’ex-reporter sort de son silence et revient sur le fiasco médiatico-judiciaire de l’affaire Grégory. (1/2)
Depuis l’assassinat de Grégory, il y a plus de trente ans, Christine et Jean-Marie Villemin tentent de se reconstruire.
Le logiciel Anacrim a permis de dessiner la piste d’un complot de famille ayant précédé la mort de Grégory Villemin.
De 1987 à 1990, il a repris l’enquête. « Les Jours » ont pu consulter les carnets de Maurice Simon, hanté par l’affaire.
Jean-Michel Lambert a été retrouvé mort mardi soir. C’est lui qui, il y a 32 ans, avait négligé la piste Bernard Laroche.
La belle-sœur de Bernard Laroche l’avait impliqué, avant de se rétracter. Ce jeudi, elle a été mise en examen pour enlèvement.
Accusée d’infanticide et devenue « la femme la plus haïe de France », la mère de Grégory obtient finalement un non-lieu en 1993.
Presse, police, juge, voisins : en 1984, tous ont voulu faire de Christine Villemin la meurtrière de son fils Grégory.