Artistes et salariés racisés s’organisent pour prendre la place qui leur revient dans une industrie qui les écarte du pouvoir.
Son rôle dans la série.
José Kaminsky, alias Rocé, on le connaît bien sur Les Jours. Il était déjà un personnage de notre obsession Champ/contrechamp, à l’époque où il avait ralenti sur sa carrière de rappeur pour se lancer dans un travail titanesque que lui seul pouvait porter : une compilation ultradocumentée et très réfléchie sur les musiques de luttes du monde francophone. C’est Par les damné·e·s de la terre, travail remarquable paru en 2018 sur son propre label, Hors cadres, qui a aussi donné depuis une exposition et des envies de documentaire télé. Pendant le confinement, Rocé est aussi revenu derrière le micro pour donner une suite à son dernier album, qui date de 2013, avec un nouveau titre, Tenir debout, qui explore les thématiques qui le portent depuis toujours : la relation de la France avec ses anciennes colonies, ses citoyens non-blancs, l’identité réelle et assignée de chacun et chacune. Grand parolier politisé, érudit mais jamais donneur de leçons, fils du résistant Adolfo Kaminsky, Rocé est la conscience du rap français depuis vingt ans.
Par Sophian Fanen
Son rôle dans la série.
José Kaminsky pour l’état civil, né en 1977 en Algérie et élevé dans le Val-de-Marne. Rocé a grandi pendant les années fastes du rap français, la décennie 1985-1995, avant de publier son premier album en 2002. Rappeur très fin, technique et percutant, il a depuis développé un propos politique et social qui l’a éloigné du triptyque banlieue-drogue-violence arpenté par beaucoup de rappeurs de son époque. Nourri de lectures politiques et philosophiques (Frantz Fanon, Kateb Yacine, Edward Saïd…), lui aborde davantage les questions d’identités multiples, de genre et de rapports de classe dans la société française. Il a publié quatre albums, dont le fondateur Identité en crescendo en 2006, où il invitait des figures du free jazz. Rocé est aussi le directeur artistique des hôtels Mama Shelter depuis leur création.
Par Sophian Fanen
Artistes et salariés racisés s’organisent pour prendre la place qui leur revient dans une industrie qui les écarte du pouvoir.
Méprisé et exotisé, le genre a connu un revirement total de l’industrie depuis l’avènement du streaming. Trop tard pour les artistes.
L’industrie musicale s’est construite sur l’exploitation et l’invisibilisation des artistes noirs, au profit des blancs qui la dirigent.
Le rappeur met la touche finale à une compilation de chansons en français politiques et poétiques, libres et grinçantes.
Sorti en 2006 et bientôt réédité, l’album du rappeur Rocé reste une clé pour comprendre la France crispée sur ses origines.
Pour défendre leur musique, Jeanne Added et Pain-Noir, suivis par « Les Jours », doivent jouer le jeu des attachés de presse et des médias.
Tout gérer seul ? Déléguer à une maison de disques ? Les musiciens que suivent « Les Jours » ont dû choisir.