L’asile des Jaamour

Né le 16 octobre 1996, Tammam est l’aîné de la famille Jaamour. Il a quitté la Syrie avec ses parents et trois de ses frères le 17 février. Depuis le 4 mars, il est en Grèce. Dans son pays natal, il était bon élève. Il parle parfaitement anglais qu’il a appris à l’école, mais surtout « en regardant des films et en écoutant de la musique ». Il utilise le rap comme moyen d’expression. Il veille sur ses frères et prend part aux décisions. Parfois, son visage s’assombrit : « Dans ma situation, tu ne peux pas t’arrêter de penser. » Ou encore : « Je me demande ce que j’ai fait pour arriver dans cette situation. »

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Il est né le 26 août 1969. Avant la guerre, en Syrie, Mahmoud avait une entreprise de fabrication de carrelage, la « plus grande fabrique de la ville », Salamyeh, vante l’aîné, Tammam. Avec le conflit syrien, les affaires ont subi un coup d’arrêt. Il a acheté une ferme où il cultive de quoi nourrir la famille. Car « cultiver et cuisiner sont (s)es passe-temps ». Blagueur, compréhensif, calme, le père de la famille Jaamour cherche toujours à régaler et à partager : un bon plat, bien sûr, mais aussi ses talents de coiffeur.

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Sous ses hijab colorés, cette femme coquette exhibe un sourire quasi permanent. Son sens de l’humour semble résister à toutes les épreuves. Elle était « la meilleure coiffeuse de la ville », jure Tammam. Issue d’une famille « très aisée », ayant 8 sœurs et 4 frères, elle est allée à l’école jusqu’au bac.

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Son ombre plane sur les récits de la famille Jaamour. Mais Houmam n’est pas là. Né le 2 février 1998, il a fui, seul, la Syrie en guerre le 18 novembre 2015. Il était menacé d’être envoyé au service militaire car il n’était pas bon élève. Il est arrivé en Allemagne le 10 décembre. « Mon père connaît toutes les dates de son trajet ; il a suivi de près ! », souligne Tammam. Aujourd’hui, la communication entre le fils et ses parents, et entre les frères, se fait par téléphone. « C’est le plus drôle de la famille. »

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« Référent social et juridique » au sein de l’association Les Eaux vives : telle est la fonction d’Henri Loua, qui épaule les Jaamour dans leurs démarches. Il est aussi chargé d’une autre famille de réfugiés et de six migrants isolés. Né le 29 mai 1983 en Guinée-Conakry, il vient en France suivre des études en sciences politiques et droit international. Son thème ? « Hébergement d’urgence et insertion professionnelle ». « Le fait d’être étranger, explique Henri Loua, m’aide à comprendre le sort des migrants, le deuil qu’ils font mais que l’on ne peut ni assumer, ni consoler. » Il le sait : sa famille vit encore en Guinée-Conakry. En France, il s’est constitué une « nouvelle famille » : il a une femme et une petite fille.

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Née en 1968, Sabine Enjelibert est secrétaire de direction. En recherche d’emploi, elle s’est implantée à Saint-Nazaire il y a un an. Elle vivait auparavant en région parisienne mais, quand elle a perdu son emploi, elle a voulu se rapprocher de ses parents « et de la mer, pour faire plaisir à [s]a fille ». Elle donnait déjà des cours d’alphabétisation en Île-de-France. « Apprendre à lire et à écrire le français m’éclate », confie-t-elle. « Je voulais m’engager de nouveau. J’ai rencontré le Secours catholique lors du forum des associations de la ville, en septembre. C’est eux qui sont chargés de l’apprentissage de la langue. J’ai frappé à leur porte ! » Désormais, deux fois par semaine, elle donne des cours à des réfugiés.

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Il est l’avant-dernier des frères Jaamour. Né le 11 mai 2003, il est très indépendant : impossible de savoir où il est sur le port du Pirée. Avec les bénévoles, avec des copains rencontrés sur le quai… Ou en train de pêcher. Cette passion occupe celui qui était bon élève en Syrie mais qui ne peut aller à l’école maintenant. Depuis quelques semaines, il veut être journaliste.

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La première chose qui frappe chez le troisième de la fratrie, né le 26 mars 2001, c’est son sourire qui ne le quitte quasiment jamais. En Syrie, il était très bon élève. « Il est très intelligent », souligne son frère Tammam. Son rêve ? « Être footballeur professionnel. » À Salamyeh, la ville d’origine des Jaamour, il était le capitaine de l’équipe locale.

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