Dans sa nouvelle étude consacrée aux émissions de CO2 du parc automobile neuf vendu en Europe début 2020, Transport & Environment (T&E) parle d’une « conclusion accablante ». Installée à Bruxelles, cette fédération d’ONG européennes, qui regroupe des associations d’usagers des transports, des cyclistes et des groupes écologistes, s’est penchée sur le bilan des différents constructeurs en matière d’émissions polluantes, qui doivent baisser pour atteindre les 95 g de CO2 par kilomètre parcouru l’an prochain, selon une réglementation européenne votée en 2009 (lire l’épisode 4, « En 2021, le SUV va se prendre un mur ») et mise en place depuis 2015. Et le résultat n’est pas glorieux. Certes, les chiffres très complets de l’étude, qui portent sur 98 % du parc automobile, montrent que la bascule vers l’automobile électrique est bien en train de se faire. La part de marché s’élève à 8 % dans l’ensemble de l’Union européenne et dépasse les 10 % en France et en Allemagne au premier semestre 2020
Tout cela est bien et beau, mais… Car il y a un gros mais, que pointe l’étude de T&E dans un langage typique de la politique bruxelloise : « La moitié de l’écart pour atteindre l’objectif de 2020 à l’échelle de l’Europe sera comblée par des facilités réglementaires. » En français, cela veut dire que pour baisser leur moyenne de CO2 tout en continuant à vendre beaucoup de SUV trop polluants et trop gourmands en carburant, les constructeurs ont bien écoulé des voitures électrifiées, mais ont surtout utilisé tout un tas d’astuces comptables qu’ils avaient réussi à faire inscrire dans la réglementation européenne.