Non, ne cherchez pas, Les Jours n’ont publié aucun poisson d’avril ce week-end. Gérald Darmanin fait déjà ça très bien chaque jour ou presque, pas besoin de nous. On s’est plutôt concentrés sur le journalisme ce mois-ci, pour changer un peu. Et on vous a gâtés.
Et toi, t’as combien de trimestres ? Comment une réforme du financement des retraites a-t-elle pu tourner à ce point en crise politique, sociale et démocratique ? Certes, il n’a jamais été facile de toucher aux retraites des Français, mais en arriver à ce niveau de chaos, ça devient une discipline olympique. Avant l’avis du Conseil constitutionnel (c’est pour le 14 avril), refaites-vous donc le match en entier dans Métro, boulot, caveau, des premiers débats sur le recul de l’âge de départ à 64 ans jusqu’aux poubelles qui brûlent tous les soirs en France même dans des petites villes, en passant bien sûr par l’embrasement garanti du 49.3. Tout est lié dans Les Jours.
L’eau, c’est chaud. Envoyer des gendarmes en quad sur des manifestants qui luttent contre l’accaparement de l’eau par quelques agriculteurs à Sainte-Soline, puis débarquer en hélicoptère dans les Hautes-Alpes pour dire à tout le monde qu’il va falloir faire des économies d’eau, c’est le grand écart risqué tenté par Emmanuel Macron au mois de mars. Encore une discipline qu’on aimerait voir aux JO, tiens. Tout cela, et bien plus encore, sera raconté dans notre nouvelle série Les guerres de l’eau, signée Cécile Cazenave et Thibaut Schepman, et quelque chose nous dit que ça ne fait que commencer. Le premier épisode est disponible.
Récit d’un féminicide. Entre 2009 et 2015, Hocine Hamoudi a battu trois de ses compagnes. Au total, ces femmes ont déposé six plaintes contre lui. La dernière d’entre elles l’a fait mi-avril 2015. C’était Sandra Helleputte. Quinze jours plus tard, cette mère de quatre enfants est tuée à son domicile d’Hazebrouck, dans le Nord. Hocine Hamoudi a été condamné en mars à trente ans de prison. Attention, le récit par Pierre Bafoil de ce féminicide est particulièrement difficile.
C’est vrai, c’est sur internet. Manger uniquement des sandwichs fenouil-surimi pendant deux mois pour préparer son summer body, ou vendre les dessins de la petite sous forme de NFT ? Ils sont 150 000, en France, à exercer un métier qui n’existait pas il y a dix ans : influenceur. Certains viennent de la téléréalité, d’autres ont émergé sur YouTube ou Instagram, beaucoup télétravaillent depuis Dubaï parce que les impôts y sont aussi doux que le soleil cogne… Comment encadrer ce Far West juridique et social ? Le gouvernement s’y attaque et Marjolaine Koch vous décrypte tout dans notre autre nouvelle série, Marjolaine et les influenceurs : une enquête née de votre vote l’an dernier.
Du sang neuf pour « The Watcher ». Neuf ans après les premières lettres anonymes du Watcher envoyées à la famille Broaddus, les pistes s’amenuisent et l’enquête ne va nulle part. Mais l’histoire de cette famille américaine, devenue une série à succès diffusée sur Netflix, bouge encore. Entre les critiques envers la catastrophique enquête de la police de Westfield, les nouvelles pistes soulevées par des analyses ADN et la mauvaise volonté du procureur de l’État du New Jersey, des mails anonymes et des pistes plus ou moins farfelues proposées par les internautes, l’affaire irrésolue du corbeau fascine toujours. Tout est dans le dernier et ultime épisode de notre série The Watcher. Enfin, à moins que…
Trump, son univers impitoyable. C’est la première fois qu’un ancien président des États-Unis est inculpé au pénal, alors Corentin Sellin ne pouvait rater ça pour rien au monde dans sa série politique qu’aucun scénariste sérieux n’aurait pu inventer, This is America. D’autant que Donald Trump a fait les choses bien, en étant soupçonné d’avoir payé une ancienne actrice porno pour qu’elle n’évoque plus publiquement leur liaison adultère.
Qui l’eut cru ? Événement dans la lutte contre les dérives sectaires qui utilisent les outils connectés pour toucher leur public : le 6 mars, Thierry Casasnovas était mis en examen. Celui qui conseille à ses quelque 600 000 abonnés YouTube de se détourner de la médecine moderne et de se soigner en mangeant des aliments crus devra répondre des chefs d’« abus de confiance », « exercice illégal de la médecine », ou encore d’« exercice illégal de la pharmacie ». Le « gourou du cru » était surveillé depuis 2012, mais il a fallu attendre la crise du Covid, lorsqu’il est devenu un meneur de la désinformation sanitaire, pour que son influence soit prise au sérieux. Lui, bien sûr, se considère comme une victime politique. Le décryptage de cette mécanique complotiste est dans l’épisode 14 de Conspiration, la série de Thibaut Schepman qui montre les liens entre conspis et extrême droite, et on retrouve également les méfaits de Casasnovas dans l’épisode 7, « Chaman fait des vidéos ».
Les titres auxquels vous avez échappé. Évidemment, la mise en examen de Thierry Casasnovas a mis le feu aux cerveaux de notre service « Titres et jeux de mots », composé de 135 journalistes. On a donc eu droit au « Gourou du cru enfin cuit ? », à « La justice met le feu au cru » et à « Thierry, on ne sent pas le cru », sans oublier le mémorable « Thierry Casasnovas va bien se faire cuire le cru ». Finalement, on a choisi le plus juste : « La justice se sort les doigts du cru ».
Les titres auxquels vous n’avez pas échappé. « Retraites : l’Élysée à la rue », c’était bien pour décrire la déconnexion non seulement du président de la République mais aussi de ses conseillers (à retrouver dans la série éponyme). Et « Eau, rage et désespoir », du nom de notre premier épisode des Guerres de l’eau, entre mégabassine sous pression et flotte sous tension, c’était super itou. On est contents.