Il y a, à chaque fin de campagne des Jours, ce petit moment Oscars, où en habits de lumière, on avance sur la scène, un bout de papier chiffonné et raturé à la main, et où on tient à remercier absolument tout le monde, de sa mère à la petite sœur du troisième assistant décorateur. Bon, nous allons essayer de vous épargner ça, mais quand même : merci à vous qui avez soutenu Les Jours en vous abonnant pour un an, six mois, au tarif mensuel, merci à toi qui nous a écrit en DM pour nous dire que tu avais dû arrêter ton abonnement parce que tu étais au chômage, mais que, malgré tes difficultés financières, tu t’étais réabonné pour nous soutenir, merci pour les yeux qui piquent. Merci à vous, jouristes de la première et de la dernière heure qui nous avez écrit, qui avez mis des messages sur les réseaux sociaux, qui avez parrainé vos ami·e·s, offert des cartes cadeau, qui avez fait des dons. C’est rare et sans doute même unique de voir une telle communauté de lectrices et de lecteurs autour d’un média.
Quoi ? Comment ? Aux Oscars, ce sont les gagnants qui montent sur scène ? Oui, bon, d’accord : nous n’avons pas atteint l’objectif de 1 500 abonné·e·s supplémentaires, nous sommes à près de 1 100, donc nous ne sommes pas si loin. L’occasion de vous dire qu’une campagne, c’est un coup de projecteur, une manière de rappeler qu’un média indépendant ne vit que par et pour ses abonné·e·s. On est malheureusement habitué à voir les médias traditionnels maintenus sous respiration artificielle à coup d’actionnaires industriels et d’aides publiques, mais ce n’est pas le cas des Jours : si on tombe, on tombe pour de bon. Ce projecteur est désormais éteint, mais la mobilisation ne doit pas s’arrêter, ce n’est pas la charité que nous demandons mais simplement les moyens de vous offrir du journalisme de qualité, celui que vous méritez. Ces 400 abonné·e·s qui nous ont manqué pour atteindre l’objectif, vous en faites peut-être partie, vous qui lisez ces lignes, eh bien il n’est pas trop tard, et pour celles et ceux qui voudraient soutenir autrement, l’objectif peut aussi être atteint grâce à vos dons (remboursés sur vos impôts à hauteur de 66 %).
Et maintenant, que va-t-il se passer ? Eh bien on va continuer. Ça va être ric-rac, mais on va continuer, on va devoir déborder d’imagination, peut-être faire de nouveaux appels sur des projets spécifiques, mais on va continuer. Parce que quand la guerre bouleverse les équilibres géopolitiques mondiaux, quand l’extrême droite en France se repeint d’un vernis de respectabilité pour arriver au pouvoir en 2027, quand la planète crame, on n’a pas le droit d’arrêter. Pas le droit d’arrêter de faire du journalisme indépendant du pouvoir, des politiques, des industriels, des lobbies. Pas le droit d’arrêter ce format unique inventé par Les Jours, ce journalisme en séries : tenace, qui ne lâche jamais, parce que quelque chose nous dit que dans les années à venir, il faudra plus que jamais être tenace et ne jamais lâcher.
Allez, pour vous mettre en appétit, un petit aperçu des séries de l’été. Parmi elles, certaines ont déjà pointé le bout de leur nez, telle En comparution immédiate, où Lola Breton arpente les tribunaux de France afin d’enquêter sur cette justice expéditive. Ou Pouvoir d’achat : la loi du plus fort, née à la fois de la nouvelle situation politique à l’Assemblée nationale et de cette préoccupation un rien préoccupante des Français vis-à-vis de leur porte-monnaie. Déjà deux épisodes signés Nicolas Cori pour ce qui s’annonce comme la saga politique de l’été. Elle, c’est déjà le feuilleton quotidien de l’été : Nouvelles en deux clics, adaptation, chaque jour et en accès libre, des Nouvelles en trois lignes de Félix Fénéon publiées en 1906 dans le journal Le Matin. Et vous avez déjà pu prendre connaissance de notre podcast inédit, Le nom des gens, signé Pauline Paillassa qui enquête sur les changements d’identité facilités par la nouvelle loi et leurs ressorts, profonds et intimes.
Nous l’avons expérimenté cette année avec Yannick Jadot et Anne Hidalgo et nous allons persister : la série en trois épisodes et pas un de plus ! Sur une personne qui émerge dans l’actualité et mérite son enquête fouillée ou sur un objet arrivé d’un coup dans les phares : ce sera, très prochainement, L’huile de la tentation, où Alexandre Bourasseau explorera jusqu’aux tréfonds la bouteille d’huile de tournesol, que la guerre de Poutine en Ukraine a brusquement fait disparaître des rayons.
L’été dernier, il nous avait livré une enquête étonnante et touchante sur Amy Winehouse (Amy pour la vie) ; cette fois, Sophian Fanen revient, chatoyant et nimbé de paillettes, avec une série… consacrée à ABBA, le groupe qui ne voulait pas mourir. Vous serez, en ces périodes de fournaise, assurément surpris de l’endroit où nous allons vous emmener constater les ravages du réchauffement climatique : le nord de l’Europe, tout au nord, pour une série de Lena Bjurström (La traque, Combat beauté institut) à la découverte des Samis, le seul peuple autochtone du continent.
À la rentrée, d’autres séries arriveront, dont celle que vous aurez choisie parmi celles mises au vote (lire l’épisode 118, « La prochaine série des “Jours” ? À vos votes ! »), ainsi que celles que nous préparons dans l’équipe des Jours : après SUV qui peut, Sophian Fanen va enquêter sur les mobilités, cruciales, dans les années qui viennent ; Nicolas Cori va se pencher sur un gros méchant du réchauffement climatique, Pauline Paillassa met déjà en boîte un nouveau podcast tandis qu’Aurore Gorius travaille à une enquête excitante sur… Ah mais on ne va pas tout dévoiler tout de suite ! Et avec Raphaël Garrigos, nous allons poursuivre L’empire et L’héritier pour continuer d’observer cette bolloréisation des médias à l’œuvre et qui imprègne tant le débat public. Bref, l’été sera beau et la rentrée sera chaude : ne manquez pas Les Jours.