L’ex-colonel syrien a été condamné à la perpétuité pour crimes contre l’humanité. Un premier pas pour les victimes de Bachar Al-Assad.
Son rôle dans la série.
Né en 1965 et fils d’Hafez Al-Assad, militaire parvenu au pouvoir par un coup d’État en 1970, Bachar Al-Assad devient président de la République arabe syrienne en 2000 et est d’abord perçu comme un réformateur. Mais s’il libéralise largement l’économie syrienne, les promesses de réformes politiques restent lettre morte. L’État est verrouillé et la liberté d’expression conduit toujours en prison. Il est reconduit à la présidence de la République par 97,62 % des voix lors d’un référendum en 2007.
Au printemps 2011, inspirés par la révolution tunisienne, des milliers de Syriens et Syriennes descendent dans la rue pour protester contre la répression politique et réclamer un changement de régime. C’est la révolution. Mais les manifestations sont réprimées dans le sang et en quelques mois, le pays bascule dans la guerre civile. Dès mars 2011, Bachar Al-Assad forme une cellule centrale de gestion de crise. Des documents indiquent qu’il aurait personnellement dirigé la répression et ordonné des rafles massives d’opposants par ses services de renseignement. Depuis 2011, au moins 128 000 Syriens et Syriennes ont disparu dans les geôles du régime, selon un décompte du Réseau syrien des droits humains, et plus de 14 000 personnes y ont été torturées à mort. En neuf ans, la guerre civile syrienne a tué plus de 220 000 civils, selon l’organisation. Le régime serait responsable de l’immense majorité de ces crimes.
Par Lena Bjurström
L’ex-colonel syrien a été condamné à la perpétuité pour crimes contre l’humanité. Un premier pas pour les victimes de Bachar Al-Assad.
Que sont-ils devenus ? Entamé depuis plus d’un an et demi, le procès du Syrien accusé de crimes contre l’humanité arrive à son terme.
En dix épisodes haletants, Brice Andlauer a mené l’enquête sur l’enquête de Lena Bjurström. Découvrez ici les deux premiers.
Une décennie après le début de la guerre civile, des ONG viennent de porter plainte pour des attaques chimiques commises par le régime.
L’ex-sergent syrien Eyad Al-Gharib écope de quatre ans et demi de prison. Un verdict qui reconnaît la nature criminelle du régime.
Que sont-ils devenus ? Le procès d’Anwar Raslan met en lumière le recours systématique aux violences sexuelles par le régime de Damas.
Au procès du colonel Anwar Raslan, les témoignages des survivants et déserteurs mettent au jour la mécanique meurtrière du régime Assad.
Le frère et le neveu d’Obeida Dabbagh sont morts aux mains du régime Assad. Depuis, il se bat pour que leurs bourreaux soient jugés.
Eyad Al-Gharib est jugé pour complicité de crimes contre l’humanité. L’ancien sergent, déserteur, dit n’avoir pas eu le choix.
Éternels activistes, les avocats Anwar Al-Bunni et Mazen Darwish montent désormais des dossiers judiciaires, comme celui d’Anwar Raslan.
Une ONG archive depuis 2012 la machine de répression syrienne. Un trésor inestimable, notamment lors du procès d’Anwar Aslan.
Nuran Al-Ghamian a été détenue au centre d’Al-Khatthib à Damas, où officiait Anwar Raslan. Elle y a survécu mais en suffoque encore.
À l’origine de l’arrestation d’Anwar Raslan, il y a le dossier César : 28 000 photos de corps de détenus torturés par le régime Assad.
Depuis le 23 avril, le colonel syrien est jugé pour crimes contre l’humanité en Allemagne. Un symbole pour les rescapés des geôles d’Assad.
C’est grâce à la coopération des justices européennes qu’Anwar Raslan est jugé à partir de ce jeudi pour crimes contre l’humanité.
Pour beaucoup d’exilés syriens, ce n’est pas par conviction qu’Anwar Raslan a fui le régime Assad, dont il était un rouage essentiel.
Selon un ex-détenu syrien, Anwar Raslan, poursuivi pour crimes contre l’humanité, n’est pas le tortionnaire que l’on croit.