Ces deux Sénégalais ont pris la mer, bravé la mort pour atteindre les Canaries. Au bout de la route, peut-être, un travail sur le continent.
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Je suis devenue journaliste par amour pour les histoires. J’adore les lire et les écouter, et peut-être encore plus les raconter, attraper un fil, tirer dessus et voir où il me mène. J’ai une affection particulière pour la lenteur et l’observation, le détail qui révèle un personnage, l’image qui se suffit à elle-même. J’écris depuis toujours sur les migrations, la famille, les récits de vie. Pour Les Jours, je pars sur les traces de PM390047, un des 800 passagers d’un chalutier surchargé qui a coulé aux larges des côtes libyennes le 18 avril 2015. Une manière de raconter ce qui s’est passé en Europe pendant cette année-là, et ce qui s’y passe depuis pour les migrants. C’est aussi un hommage aux morts, victimes de notre politique des frontières, et à ceux qui tentent, souvent avec peu de moyens mais un grand respect de l’être humain, de leur rendre un nom et une existence.
Avant cette première obsession pour Les Jours, j’ai écrit des livres en français et en finnois (ma langue maternelle), dont Fils de…, sur des enfants adultes de parents homos, avec les photos de Zabou Carrière, et Face à la vie, sur un service d’oncologie pédiatrique, avec les photos de Baptiste Lignel. J’ai aussi écrit et coréalisé deux webdocumentaires (Trnopolje, un été oublié et Alberomio mon arbre) et plusieurs reportages BD pour La Revue dessinée, dont « Frontex, les frontières de la honte », avec Jeff Pourquié.
À côté de mon travail de journaliste, je suis aussi traductrice et interprète, et je réalise un premier documentaire sur les disparus de la guerre en Bosnie.
Ces deux Sénégalais ont pris la mer, bravé la mort pour atteindre les Canaries. Au bout de la route, peut-être, un travail sur le continent.
Depuis fin 2020, les sauveteurs en mer des Canaries secourent toujours plus de pirogues. À bord, tous les migrants n’ont pas survécu.
Les migrants sénégalais voient les îles comme une étape, leur porte d’entrée en Europe. Mais elles sont souvent une prison à ciel ouvert.
Au Sénégal, le désir d’Europe n’est pas récent. Demba Sy est parti en 1968, a fait sa vie en France et est rentré quarante ans plus tard.
Longtemps expatrié au Japon, ce quinquagénaire est revenu créer un verger luxuriant. Et espère ainsi décourager les candidats au départ.
Ce cuisinier a pu investir dans son village du Sénégal grâce à sa carte de séjour française. Un sésame inaccessible aux plus jeunes.
Dans la vallée du fleuve Sénégal, l’argent des émigrés en France financent puits, écoles et dispensaires pour les habitants du coin.
Ibrahima, taxi, connaît la précarité des immigrés en Europe : ses frères et sœur ont pris la mer. Son avenir à lui est au Sénégal.
Doudou Faye vivait près d’un centre de formation rutilant, mais réservé à quelques élus. Il est mort sur la route de son rêve européen.
Le poisson se raréfie ? Ces pêcheurs sénégalais ont d’eux-mêmes réduit leurs prises. Pour leur futur et pour empêcher les départs.
Comme beaucoup de Sénégalais, le fils de Seynabou Dieng rêvait d’une vie meilleure en Europe. Il est parti, mais la réalité l’a rattrapé.
Pendant que les pêcheurs de ce port du Sénégal prennent la mer pour rejoindre l’Europe, les femmes tentent de vivre du poisson.
Comme tant de Sénégalais, Lémou Ndiaye a pris une pirogue pour les Canaries. Mais ça ne s’est pas passé comme il l’avait rêvé.
Dans ce port du Sénégal, l’activité n’est plus rentable. Alors les fils montent sur des pirogues pour les Canaries. Comme Doudou Faye…
De plus en plus de Sénégalais prennent cette route pour rejoindre l’Europe. Beaucoup y meurent, tel Doudou. Il avait 14 ans.
Que sont-ils devenus ? Des étudiants-ingénieurs ont créé des applis afin d’aider le CICR à identifier les migrants morts en Méditerranée.
Un site de la Croix-Rouge aide les migrants à localiser leurs proches perdus sur la route de l’exil. C’est l’histoire de Sara et son mari.
Depuis 1988, les plages du sud de l’Espagne voient des cadavres. Cette année, la route est redevenue la première pour les migrants.
Alors que l’Europe n’en finit plus de fermer ses frontières, Ousman, comme tant d’autres, continue de rêver à l’exil.
Papa Bouron, Vieux Camara et Vieux Sylla ont pris la route ensemble depuis le Sénégal. Ils ont péri dans le même chalutier bleu.
Le village des disparus (4/4). Parti du Sénégal, il devait monter à bord du chalutier bleu qui a coulé le 18 avril 2015.
Le village des disparus (3/4). À Kothiary, au Sénégal, notre journaliste a retrouvé les proches de migrants morts en Méditerranée.
Le village des disparus (2/4). À Kothiary, au Sénégal, notre journaliste a retrouvé les familles de migrants noyés en Méditerranée.
Le village des disparus (1/4). À Kothiary, au Sénégal, notre journaliste a retrouvé les familles de migrants morts en Méditerranée.
Notre journaliste arrive au Sénégal, d’où sont originaires de nombreux migrants morts en Méditerranée.
ADN, algorithmes, reconnaissance faciale… José Pablo Baraybar, légiste, cherche à rendre leurs noms aux noyés en Méditerranée.
Les routes de la migration tuent, bien avant la Méditerranée. Au Niger, le Sahara est un cimetière de corps anonymes.
Dans un « ghetto », un foyer de migrants au Niger, il y a Issa, Yahya, Barry… Ils arrivent, ils reviennent. Tous sont coincés.
Refoulés d’Algérie, rescapés de l’enfer libyen… Les organisations internationales décident de leur sort aux confins du Sahel.
Au Niger, notre journaliste croise la route d’une Nigériane prête à mourir pour que ses deux filles rejoignent l’Europe.
Au Niger, notre journaliste rencontre ceux dont l’activité lucrative est devenue hors la loi : les passeurs.
À 19 ans, Ousman Gaye a tenté de franchir la Méditerranée deux fois. Deux fois, il a fini en prison. Alors il rentre en Gambie.
Notre enquête sur la trace des migrants morts en mer passe par le Niger, nouveau pays de transit pour les candidats à l’exil.
L’UE a attendu les milliers de morts de migrants de l’été 2015 pour réagir… en fermant ses portes. À Lesbos, on n’oublie pas.
Pour identifier les migrants morts en mer, l’ADN est la donnée la plus fiable. Mais aussi la plus sensible.
À Rome, Vittorio Piscitelli tente, avec l’aide de la Croix-Rouge, de retrouver les familles des migrants naufragés.
L’épave est remontée du fond de la Méditerranée. En Italie, 675 cadavres de migrants doivent être identifiés par Cristina Cattaneo.