Idées fixes

Né en Angleterre, mort à New York, Thomas Paine a été un acteur de deux révolutions : l’américaine et la française. Proche de Benjamin Franklin, il part pour les treize colonies américaines en 1774 et prend partie pour les insurgés en tant que journaliste et pamphlétaire. Son ouvrage Sens commun, un succès de librairie, plaide pour l’instauration d’une république indépendante. Revenu en Europe, il poursuit sa critique de la monarchie britannique, s’enthousiasme pour la Révolution française et est condamné à l’exil hors de Grande-Bretagne. Il est alors fait citoyen français et élu à la Convention. Proche des Girondins, il vote contre la mort de Louis XVI et est emprisonné lors de la Terreur. Libéré, il publie L’Âge de raison, dans lequel il s’attaque au christianisme et défend une forme de déisme, ainsi que Justice agraire, dans lequel il promeut un revenu minimum. Après avoir condamné la prise de pouvoir par Napoléon, il retourne en 1802 aux États-Unis. Accusé d’athéisme, il est rejeté et meurt dans la misère.

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Chercheur et militant de 34 ans, Jean-Éric Hyafil est au service d’une seule cause : le revenu universel. Depuis 2012, il travaille sur une thèse de doctorat en économie à la Sorbonne qui porte sur les justifications théoriques du revenu universel et sur ses possibilités de mise en œuvre en France. Et depuis 2013, date de sa création, il est membre du Mouvement français pour un revenu de base, la principale association hexagonale qui milite pour l’instauration d’une telle réforme. Il cherche à convaincre les Français par tous les moyens : en écrivant sur le site Revenudebase.info, en réalisant des vidéos pédagogiques, comme « Le revenu de base, c’est pas sorcier ! », visible ici, et en coordonnant les ouvrages Revenu de base : un outil pour construire le XXIè siècle et Revenu de base : comment le financer ?, tous deux sortis en septembre 2016 aux Éditions Yves Michel. Cet engagement s’est fait à la suite d’un changement de parcours professionnel. Travailleur dans le domaine socio-éducatif, il a été sensibilisé au revenu de base alors qu’il s’intéressait aux questions liées à la décroissance. Il a alors repris des études pour passer un Capes de sciences économiques et sociales et a obtenu à 30 ans une bourse pour écrire sa thèse.

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Diplômé de Harvard en sciences politiques et de la London School of Economics en relations internationales, cet Américain est le fondateur et le directeur exécutif de l’ONG Drug Policy Alliance. Il plaide pour une réforme radicale de la « guerre contre les drogues » menée par les États-Unis depuis les années 1970. Selon lui, les autorités devraient moins se focaliser sur les réponses pénales à apporter à la question de la consommation et davantage la penser en matière de santé publique. Il a l’oreille d’un certain nombre d’élus aux États-Unis, ainsi que du financier George Soros.

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Le président François Mitterrand croyait-il réellement à la nécessité de donner aux étrangers le droit de vote aux élection locales ? Peut-être, mais il ne l’a jamais fait. En 1981, il le promettait. En 1988, il répétait son attachement à la réforme. Sans jamais entreprendre quoi que ce soit pour la mettre en œuvre. Le chef de l’État ne se démontait jamais quand les journalistes l’interrogeaient sur cette promesse non tenue. Il répondait avec sévérité, hauteur intellectuelle. Comme souvent au long de ses deux mandats de président, de 1981 à 1995, le premier chef de l’État socialiste de la Ve République donnait l’impression que le socle idéologique (et donc électoral) issu du programme commun de 1977 restait à portée de main, que lui-même y restait attaché, même s’il gouvernait autrement. Une vraie marque de fabrique comparé à ses successeurs qui ont juste semblé, souvent, revenir sur leurs promesses.

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Esther Benbassa n’est sénatrice (EELV) que depuis trois mois le 8 décembre 2011, lorsqu’elle se retrouve devant le Sénat pour défendre le droit de vote pour les étrangers. Premier discours politique de son premier mandat… Un moment fort pour l’historienne, mais aussi pour les sénateurs qui ont écouté son vibrant plaidoyer. La spécialiste de l’histoire du peuple juif est née à Istanbul (Turquie) d’une famille chassée d’Espagne au XVe siècle, a émigré en Israël à 15 ans, puis en France à 22. Dans la société civile, elle très impliquée dans le dialogue judéo-musulman. Après avoir fait partie des douze sénateurs qui se sont abstenus lors du premier vote sur l’état d’urgence, le 20 novembre 2015, elle vote contre à chaque prorogation.

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Professeur de sciences politiques, Loïc Blondiaux, 54 ans, s’est d’abord fait connaître pour ses travaux sur les enquêtes d’opinion (issus de sa thèse, soutenue en 1994). Dans La fabrique de l’opinion, une histoire sociale des sondages (Le Seuil, 1998), il racontait comment s’est imposée l’idée que l’opinion publique ne peut être mesurée que par le sondage. Après avoir assisté à la naissance du premier conseil de quartier dans le XXe arrondissement parisien, il s’est ensuite intéressé aux questions de démocratie participative, un sujet qu’il n’a pas lâché, en tant que chercheur et militant. Aujourd’hui professeur à Paris-I, il y a créé un master 2 « Ingénierie de la concertation » pour, entre autres, former les futurs cadres territoriaux au fonctionnement des budgets participatifs. Il est aussi à l’origine de la création du groupement d’intérêt scientifique « Participations, décision, démocratie participative », qui fait travailler urbanistes, sociologues et géographes sur ces questions. Attentif à toutes les initiatives de renouvellement de la démocratie, il est intervenu à plusieurs reprises à Nuit debout et est vice-président de Démocratie ouverte, une association qui veut « accélérer la transition démocratique vers une société plus ouverte ». Il aussi membre du conseil scientifique de la fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme.

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Âgé de 54 ans, Yves Sintomer est un professeur de sciences politiques engagé à gauche et reconnu internationalement. Après une thèse sur Jürgen Habermas soutenue en 1996 à l’université de Florence, il travaille dans des universités et des centres de recherches un peu partout dans le monde : à Paris-VIII, où il est membre de l’équipe Cultures et sociétés urbaines du Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris, au Centre Marc-Bloch de Berlin, dont il est directeur adjoint de 2006 à 2009, mais aussi à l’université Goethe de Francfort, à l’université Tsinghua à Pékin ou à la Harvard Kennedy School aux États-Unis. Spécialiste des questions de démocratie participative et militant du tirage en sort en politique, il a conseillé le conseil régional de Poitou-Charentes (présidé par Ségolène Royal) afin de mettre en place des budgets participatifs pour les lycées. Au début des années 2000, il s’engage contre l’interdiction du port du voile islamique dans les établissements scolaires.

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Étienne Chouard a 60 ans et a eu deux vies. Avant 2005, il est un simple professeur en lycée technique et en BTS qui publie des manuels sur Word ou Excel et qui vote socialiste mais ne se préoccupe pas vraiment de politique. Après 2005, et la rédaction d’un texte contre le traité constitutionnel européen qui connaît un grand succès, il devient un militant appelant, par des textes ou des conférences, à une transformation du système politique et économique. S’appuyant sur son site et les réseaux sociaux, il mobilise aujourd’hui une importante communauté (qu’il appelle ses « gentils virus ») pour réfléchir à la rédaction d’une nouvelle constitution, à la suppression de l’élection qui serait remplacée par le tirage au sort mais aussi à la fin du capitalisme. Se proclamant d’extrême gauche, Chouard n’a pas peur de frayer avec la droite extrême : il soutient l’UPR, un mouvement souverainiste dirigé par François Asselineau, un ancien proche de Pasqua, et, par le passé, il s’est déclaré intéressé par les idées d’Alain Soral. En réaction, des nombreuses personnalités de gauche l’ont déclaré persona non grata.

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Sortie de Sciences-Po Lille il y a seulement cinq ans, Élisa Lewis, 26 ans, cumule les expériences : elle est à fois entrepreneure, essayiste et militante. Elle travaille pour Odyssem, une société de conseil pour les entreprises du secteur de l’économie sociale et solidaire. Elle a coécrit en 2012 l’étude « Intrapreneuriat : la nouvelle frontière de l’innovation sociale en entreprise » et publié avec Romain Slitine Le coup d’État citoyen (La Découverte, 2016). Elle est vice-présidente de l’association Démocratie ouverte, un « incubateur pour les innovations démocratiques ». Elle explique son engagement par une prise de conscience à la suite des élections européennes et régionales de 2014 qui ont vu la poussée du Front national et de l’abstention. Ses travaux ont inspiré le programme de Benoît Hamon et elle s’est engagée au côté du candidat du PS pour sa campagne.

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Ayant commencé sa carrière au début des années 2000 en créant des campagnes de communication pour des ONG, Quitterie de Villepin, 38 ans, connue aussi son nom de femme mariée – Delmas –, est devenue la responsable de la campagne numérique de François Bayrou en 2007. Se disant dégoûtée par la politique politicienne, elle a ensuite quitté le Modem. Elle est cependant restée très présente sur les réseaux sociaux, notamment grâce à sa campagne menée contre les marques de textile à la suite de l’effondrement meurtrier de l’atelier bangladais du Rana Plaza en 2013 (elle avait été invitée sur Arrêt sur images pour en parler, à voir ici). Elle est à l’initiative du mouvement #MaVoix lancé en 2015 qui veut « hacker l’Assemblée nationale », en imposant des candidats citoyens.

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Ayant d’abord travaillé sur les questions de développement, Julia Cagé, 34 ans, s’est fait connaître par son livre Sauver les médias : capitalisme, financement participatif et démocratie (Seuil, 2015). Après un constat sur la crise du secteur, cette professeure à Sciences-Po y formule plusieurs propositions pour garantir l’indépendance des médias et restructurer leur financement. Elle imagine ainsi un nouveau modèle : une « société de médias à but non lucratif ». En politique, elle s’est engagée en 2016 pour l’organisation d’une primaire des gauches et des écologistes, qui s’est révélée un échec. Elle a rejoint Benoît Hamon après sa victoire à la primaire socialiste. Son mari, l’économiste Thomas Piketty, et sa sœur jumelle, l’ancienne conseillère au ministère de l’Éducation Agathe Cagé, font aussi partie de l’équipe de campagne du candidat socialiste.

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Philosophe de formation, Gaspard Koenig, 35 ans, est un vrai libéral. De gauche sur les questions de société et de droite pour l’économie : « Je rêve de réconcilier les juristes libertaires barbus et les économistes barbus chauves », dit-il. Cela lui permet d’être à la fois partisan du revenu universel, de la gestation pour autrui et de la suppression de l’impôt sur les sociétés, tout en n’hésitant pas à trouver des vertus à la corruption. Ecrivain – il a publié Octave avait vingt ans (Grasset, 2004) –, il a travaillé pour la ministre de l’Économie Christine Lagarde, pour laquelle il écrivait ses discours. Il s’en ensuite installé à Londres, employé par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. En 2012, il a fait campagne dans la 3e circonscription des Français de l’étranger sous l’étiquette du Parti libéral (il a récolté moins de 5 % des voix), puis, en 2013, il a créé le think tank Génération libre. Avec sa coupe de cheveux très fournie, il a un air de Ted Kennedy qui lui a valu de faire de la figuration dans le biopic Jacky (avec Natalie Portman).

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Député PS de Paris et ancien maire du XIe arrondissement, Patrick Bloche est souvent appelé le « second ministre de la Culture » du quinquennat de François Hollande. Président de la commission des Affaires culturelles et de l’Éducation de l’Assemblée nationale depuis 2012, il a vu passer trois ministres rue de Valois. Parfait connaisseur de la fabrication de la loi au Palais Bourbon, il s’était auparavant illustré lors des débats sur les loi Dadvsi et Hadopi, qui ont défini le cadre de la circulation de la culture sur internet. Il avait notamment mené les députés socialistes à voter un amendement sur la licence globale en 2005. Proche de Martine Aubry, il avait codirigé son programme culture lors de la primaire socialiste de 2011. Cette année, il a été le directeur de la campagne de Vincent Peillon pendant la primaire qui a vu Benoît Hamon l’emporter. Il a par la suite rejoint ce dernier en tant que référent sur les questions culturelles.

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Né en 1925 et mort en 2016, Alain Decaux a incarné pour plusieurs générations la figure du professeur d’histoire à la télévision. Son émission, Alain Decaux raconte, qui traitait de personnages ou d’événements historiques, a été diffusée de 1969 à 1987 à la télévision publique (sur la deuxième chaîne de l’ORTF puis sur Antenne 2). Mais l’homme n’était pas un historien professionnel (même si, étudiant, il avait suivi des cours d’histoire à la Sorbonne). D’abord journaliste, créateur de plusieurs émissions à la radio et à la télévision (dont La caméra explore le temps en 1957), il a écrit de nombreux ouvrages, pièces et scénarios historiques (comme celui d’Angélique et le Roy) ce qui lui valu d’être élu à l’Académie française en 1979. Catholique, il se déclarait de « gauche, tendance Hugo » et a occupé le poste de ministre délégué à la Francophonie sous la présidence de François Mitterrand de 1988 à 1991.

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Derrière sa tête d’éternel jeune homme, Thomas Piketty, 45 ans, est l’un des économistes français les plus connus. Il le doit au succès de son ouvrage, Le Capital au XXIe siècle (Le Seuil, 2013), traduit depuis en quarante langues et vendu à au moins deux millions d’exemplaires. Son sujet : les inégalités économiques et sociales dans les pays développés depuis le XVIIIe siècle. Élevé par des parents soixante-huitards (militants à Lutte ouvrière partis en 1974 s’installer dans l’Aude pour élever des chèvres), il en garde un engagement à gauche, notamment pour le parti socialiste. Il a été l’un des conseillers de Ségolène Royal pendant la campagne de 2007 et travaille pour Benoît Hamon depuis la victoire de ce dernier à la primaire, au même titre que sa femme, l’économiste Julia Cagé. Mais cette proximité avec le PS ne l’empêche pas de garder son indépendance d’esprit. Après avoir appelé à voter Hollande en 2012, il a ainsi refusé que ce dernier lui donne la Légion d’honneur, entre autres parce que le président socialiste avait enterré sa promesse d’une profonde réforme fiscale.

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Juriste et politologue, Bastien François, 55 ans, est des plus anciens et constants militants du passage à une VIe République depuis la publication de son ouvrage Misère de la Ve République (Denoël, 2001). Cofondateur de la Convention pour une 6e République aux côtés d’Arnaud Montebourg, il a ensuite quitté ce mouvement mais a continué de soutenir cette idée au sein d’Europe Écologie - Les Verts. Élu en 2010 au conseil régional d’Île-de-France sur une liste emmenée par Cécile Duflot, il a conseillé Eva Joly lors de l’élection présidentielle de 2012 et lui a soufflé l’idée d’une « VIe République écologique » (titre d’un ouvrage publié en 2011 chez Odile Jacob et coécrit avec Dominique Bourg, Loïc Blondiaux et Yves Sintomer). Bastien François est aussi un spécialiste de sociologie politique : il a écrit avec Frédéric Sawicki une nouvelle édition du manuel de référence sur le sujet, intitulé sobrement Sociologie politique (Dalloz-Sirey, 2006).

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