Cinq ans de Jours, c’est cinq ans de journalisme en série, bien sûr, mais c’est aussi cinq ans d’une relation particulière avec nos lectrices et lecteurs. C’est un mantra aux Jours : vivre par et pour nos abonné·e·s. Il nous a donc paru naturel de nous tourner vers vous et de vous demander quelle série, quelle enquête vous avait marqués au cours de ces cinq ans. Vous avez été nombreuses et nombreux à participer, parmi vous beaucoup se sont laissés aller à citer plusieurs séries, d’autres nous ont carrément fait des déclarations enflammées… Chaque message était unique et instructif, merci, vraiment. Nous les avons regroupés en grands ensembles qui dessinent ce qui vous plaît chez Les Jours
Vous aimez que Les Jours grattent du côté des puissants : les riches patrons, ainsi que les politiques (de préférence quand il y a un juge alentour). Les gens dans l’ombre mais proches de la lumière. Bref, vous aimez avoir à l’œil ceux qui ont de l’influence et du pouvoir. Il fallait s’y attendre (d’ailleurs on s’y attendait un peu), les citations de L’empire, série de Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts, sont nombreuses :
- « Initialement, je me suis abonné pour suivre L’empire, étant un bébé “esprit Canal” (grand-père abonné historique à la chaîne). Ce sont au final les séries L’héritier et This is America qui me plaisent le plus. Le récit des grandes familles du capitalisme français me fait penser à la saga Les grandes familles de Druon, mais ici c’est la réalité. » (The Watcher)
- « L’empire, un vrai feuilleton dramatique avec rebondissements quasi journaliers d’un bulldozer destructeur qui ravage tout sur son passage pour devenir l’empereur des médias. » (Fel)
- « C’est la série L’empire qui m’a poussé à m’abonner, malgré la qualité de vos autres séries que je suis également. J’y ai vu le retour du grand journalisme d’investigation et d’utilité publique qui, en théorie, tient lieu d’un contre-pouvoir dont on a bien besoin en cette époque troublée de députés godillots, de flics réacs et de médias tuyaux. » (Dave)
- « L’empire. Par son nombre d’épisodes ! Et parce que ce n’est que par le biais d’une série qu’on prend la mesure de l’influence (euphémisme !) flippante de Bolloré. » (Lëti)
- « L’empire. Bolloré doit être gardé à vue d’œil et vous faites ça admirablement bien. » (Zoug)
- « L’empire, car c’est comme House of Cards : on croit qu’on a vu le pire mais les épisodes continuent à s’enchaîner. » (Monteiro)
- « Celle sur Bolloré, parce que ce comportement me révulse et que j’ai assisté tristement à la fin d’une chaîne de télévision que j’aimais bien, i-Télé. » (Cabo3)
Mais que Nicolas Sarkozy (Sur écoute, par Aurore Gorius) et le couple Balkany (The Balkanys, par David Servenay et Pierre-Antoine Souchard) se rassurent, les lectrices et lecteurs des Jours ne les ont pas oubliés.
- « Je vais dire les affaires Balkany et Sarko car j’aime rire du malheur des autres (surtout de ceux là). » (Cyril)
- « Celle sur Paul Bismuth et… ses implications. » (Jak3)
Et Arnaud Lagardère (L’héritier, par Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts) non plus…
- « L’héritier. Pour le symbole qui disparaît, la leçon de stratégie (même si c’est le méchant qui gagne), le spectacle en quasi direct d’un crash industriel dont les salariés seront les victimes et, enfin, le style d’écriture. » (Fafagano)
- « L’empire et L’héritier : ces deux séries sur de grandes fortunes françaises et sur l’envers du décor, découvrir les coulisses et les ramifications qui se passent derrière les rideaux. » (Makaydo)
En règle générale, vous aimez qu’on montre les coulisses du pouvoir et qu’on les déconstruise, comme dans Les lobbyistes ou Les conseillers, des séries écrites par Aurore Gorius.
Vos témoignages reflètent votre préoccupation pour les migrations, l’accueil et la prise en charge des réfugiés. Les disparus (par Taina Tervonen) et nos deux saisons sur la famille Jaamour (par Fabien Perrier) reviennent fréquemment dans vos réponses.
- « Les disparus est la série qui m’a le plus marqué émotionnellement. On suit l’auteur dans ses recherches, ses cheminements, ses rencontres et son parcours en Afrique. C’est très dur à lire et ça nous place face à notre responsabilité en tant que citoyen devant notre “refus collectif d’humanisme” envers ces migrants. » (Loïc)
- « L’épopée de la famille syrienne qui a atterri en France. » (Gerlandais)
- « J’ai découvert les deux séries L’exil des Jaamour et L’asile des Jaamour il y a peu de temps et je les ai lues d’une traite. J’ai trouvé ces séries d’une grande force. Il est toujours bon de se rappeler que derrière les chiffres, les news, etc., il y a des vraies personnes qui nous ressemblent. Au fil des épisodes, je me suis vraiment attachée à cette famille. J’aimerais beaucoup savoir ce qu’ils sont devenus et j’espère de tout cœur qu’ils ont trouvé le bonheur en France. » (Steph)
- « Les disparus. Parce que les articles m’ont immergée au cœur de ces trajets aux dangers multiples, et sans retour, à travers l’Afrique et la Méditerranée. Parce que j’ai découvert l’acharnement de certains à donner une identité à ces disparu·e·s anonymes. Parce que derrière les chiffres des naufrages, se cachent autant d’histoires uniques et déchirantes. » (CélineR)
En règle générale, l’exploitation, la solidarité, le vivre-ensemble, la voix de ceux qu’on entend trop peu sont au cœur de vos préoccupations.
- « Tu ne pardonneras pas [par Alexia Eychenne, ndlr], l’enquête sur la pédocriminalité dans un groupe catholique. Un sujet sensible traité avec justesse. On voit toutes les qualités de votre travail : du temps, de l’attention aux gens, de la nuance. » (Germain)
- « La chair [sur le porno amateur, par Robin D’Angelo, ndlr], parce que c’était cru. J’y ai appris des choses, ça m’a sorti de ma zone de confort. Pas forcément agréable, mais nécessaire pour comprendre le monde dans lequel on vit. » (Leeonova)
- « Les années bac [par Maïté Darnault, ndlr], sujet de fond sur ces jeunes que nous connaissons si peu et auxquels on ne donne pas souvent la parole. » (Madalu)
Bien loin de tout cela, les États-Unis, de la présidentielle aux premiers pas de Joe Biden, soit les deux saisons de This is America, écrites par Corentin Sellin, vous passionnent.
- « Tous les quatre ans, je me passionne pour les élections américaines, véritable foire politico-médiatico-financière. Avec, cette fois-ci, un showman détestable et un suspense assez fort. Vous avez vraiment trouvé le bon spécialiste pour nous raconter tout ça. Corentin Sellin est pédagogue, sobre, honnête, il écrit bien, c’est épatant. » (Hervé)
- « This is America : à cause du thème (politique US) de la personnalité de Trump et de l’émission en live. » (CathC)
Vous appréciez beaucoup aussi les séries qui racontent le terrorisme, le jihad, la justice internationale. Notamment Les revenants de David Thomson.
- « David Thomson sur Les revenants pour le côté immersif et captivant. » (Selim)
- « Les revenants était une série passionnante, offrant un point de vue unique sur le phénomène jihadiste en France et qui ne pouvait donner le meilleur que sous la forme de série. » (Julien)
- « La première série qui m’a marquée, c’est sans doute Les revenants. L’écriture et le traitement journalistique sur un tel sujet étaient extrêmement fins. » (Vikler)
- « La série qui m’a le plus marquée est celle des Revenants par David Thomson. C’est celle qui m’a fait m’abonner aux Jours, le sujet se prêtait particulièrement au format particulier des Jours. » (SgùrrThuilm)
Mais également La traque, notre série sur le procès du colonel Anwar Raslan, tortionnaire syrien, écrite par Lena Bjurström.
- « La couverture du procès dans La traque a permis de mettre en lumière une réalité qui se cache en Syrie sous les yeux de la communauté internationale. » (FloListe)
- « La traque, la qualité du reportage qui porte vraiment bien son nom. » (Catherine)
- « La traque est la série qui m’a donné envie de m’abonner et qui ne m’a pas déçu tant elle traite en profondeur un sujet “annexe” de la guerre de Syrie. » (Mat)
- « La traque met en lumière un sujet peu traité par les médias traditionnels. Cette série, très bien écrite, permet de mettre en lumière de façon factuelle et organisée l’horreur qui existe en Syrie depuis une décennie. » (Zesoso)
- « La traque. Ces témoignages glaçants d’une époque et d’un pays si proche de nous. Et en même temps, cette lueur d’espoir avec le procès. » (Berthy)
Vous aimez aussi notre manière de traiter les faits divers, nos polars du réel, comme on les appelle.
- « La série sur le tragique destin de Grégory Villemin et de ses parents [par Patricia Tourancheau, ndlr] m’a particulièrement marquée. Mars dernier, nous venions d’être confiné·e·s, je découvrais vraiment le pouvoir des obsessions et des séries que vous publiez. J’ai commencé par celle-ci, l’ai dévorée en quelques heures, et suis passée à la suivante, puis la suivante… Toutes sont passionnantes, haletantes et justes. » (Marcy)
- « Le Grêlé [par Patricia Tourancheau, ndlr], parce que c’est celle qui fait découvrir et tomber amoureux des Jours. » (Oral-B)
- « L’affaire du petit Grégory, pour la minutie apportée dans un fait divers où la presse a joué un rôle important. » (Althémid)
- « Le Grêlé (c’est par cette série que je me suis abonnée) puis Grégory. » (Dom)
- « Tiphaine Véron a disparu [par Caroline Gardin, ndlr]. Les faits divers de disparition de ce genre m’ont toujours fasciné. C’est le genre d’histoires où les hypothèses sont aussi intéressantes (voire plus) que les faits. Où on frôle l’étrange, l’indicible, l’inconnu, qui font partie des peurs fondamentales. Mais surtout, les “volatilisations” sont toujours empreintes de cette mélancolie sourde quand on évoque les gens qui restent, qui cherchent, souvent en vain. Ce cas-ci d’une touriste française au Japon a particulièrement résonné chez moi, qui l’ai lu en voyage. » (WillyCott)
Heureusement, vous appréciez aussi les sujets moins lourds et plus « pratiques », comme ceux autour de la consommation.
- « C’est Autour du pot [par Erwan Seznec, ndlr] qui date de… 2017. Qui abordait le thème des cosmétiques sous différents aspects. Démontant les mécanismes qui font qu’on peut croire que “ça marche” bien qu’on soit à la fois incapable de dire ce que “ça” est, et ce que veut dire “marche”. Montrant ce qui se cache derrière le masque des vendeuses, le quotidien des gens qui travaillent dans le secteur. » (Fredoche R)
- « La série qui m’a le plus marqué est celle sur la viande, Steak assez [par Thibaut Schepman, ndlr]. Un sujet pratico-pratique et concret, qui a contribué à la remise en question de mon alimentation. » (val201)
- « Alexa, l’espionne qui m’aimait, de Sophian Fanen, excellent alliage de rigueur journalistique et d’esprit critique ! C’est surtout la première que j’ai suivie du début à la fin, en guettant les articles, mais il y en a plein d’autres ! » (Mélanie)
- « J’ai adoré la série Baby blouze et celles avec Bioman [Le vrai du bio et Du cargo au frigo, ndlr]. Pour moi, elles exposaient très bien les problématiques auxquelles nous sommes confrontés, leurs origines, et surtout n’essayaient pas de nous refourguer une réponse simpliste et toute faite (parce que la conclusion que j’en tire, c’est qu’il n’y en a pas vraiment). Une petite pensée pour le blind-test de tomates que vous avez fait à la rédaction, qui m’avait fait beaucoup rire ! » (Julie)
- « Du cargo au frigo et plus généralement toutes les obsessions de Thibaut Schepman ; réfléchir à notre façon de manger, comment bien manger et les conséquences de nos choix. Je trouve les épisodes de Bioman toujours très intéressants, originaux, et ils me permettent, je pense, d’être une personne plus responsable écologiquement. » (Élisabeth)
L’environnement, justement, est au centre de vos préoccupations :
- « Pole position [par Leïla Miñano, ndlr] pour l’impact immédiat du réchauffement climatique sur des populations qui le vivent au quotidien, la description de la vie sur place. C’est très précis et on mesure les conséquences à venir. » (Loïc)
- « La vie des ordures [Trash investigation, de Thibaut Schepman, ndlr] : très original. » (Michel Samson)
- « La fin du monde (parce que c’est un sujet qui me plaît) » (See_Aime)
- « Les plastiqueurs [de Dorothée Moisan, ndlr] : par cette série, vous déconstruisez le discours de l’industrie. » (Jean-Séb)
- « Impossible de choisir, disons toutes les séries de Cécile Cazenave et de Thibaut Schepman pour leur traitement remarquable des questions d’environnement. » (fourmilier)
- « Il est souvent reproché aux journalistes de lâcher leur sujet après la publication. Le format de l’obsession permet de raconter l’actualité d’une façon bien plus durable. » (Florent)
- « Les obsessions profitent du “temps long” et de l’immersion et rendent donc une grande impression de détails. Elles ouvrent sur d’autres univers
– parfois haletants, parfois dérangeants ou juste invisibles au commun des mortels. - « Difficile de choisir une obsession ! J’aime des Jours autant les séries qui donnent la parole, avec hauteur de vue mais sans supériorité, à ceux à qui on la confisque trop (les soignants dans Urgences, les étudiants et leurs professeurs dans Les années collège/bac/fac, les jeunes plus ou moins paumés des Revenants) que les reportages au long cours qui permettent d’appréhender les sujets sous tous les angles possibles et imaginables comme Les conseillers ou L’empire. Autant d’obsessions qui enrichissent notre empathie et notre sens critique, et nous invitent à rechercher toujours dans les rafales de dépêches AFP la petite et la grande image. » (Cécile)
Merci à vous toutes et à vous tous pour tous ces mots, très gentils, très encourageants et, disons-le franchement, flatteurs. Ils nous encouragent à continuer, mais aussi à nous renouveler et à être meilleurs. Rendez-vous dans un prochain épisode pour savoir ce que vous souhaitez pour les cinq prochaines années !