Les années fac

Nommée ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal présidait jusqu’à mi-mai l’université de Nice-Sofia Antipolis. C’était d’ailleurs l’une des rares femmes à ce poste (on en  compte 15 % seulement). Fascinée par Louis Pasteur, elle est spécialiste de génétique. Frédérique Vidal a promis la fin du « gâchis » d’APB, le système d’admission post-bac, et la suppression du tirage au sort, jugé « injuste ». En juillet, la ministre a mis sur les rails une concertation sur les modalités d’entrée en fac. Elle ne parle pas de sélection, mais souhaite proposer un « contrat de réussite » aux étudiants.

Retrouvez tous les épisodes avec Frédérique Vidal.

Ancienne élève du lycée Joliot Curie à Nanterre (Hauts-de-Seine), Sarah a obtenu un bac scientifique avec mention assez bien. Elle veut devenir kiné. L’une des voies d’accès est la filière Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives). Elle s’y est imaginée toute l’année dernière. Mais elle n’a pas été prise à Nanterre faute de place. Mais elle est obstinée. Dans le courrier de deux pages qu’elle a adressé à la présidence de l’université de Nanterre, elle fait preuve de détermination et espère convaincre : « Cette lettre est non seulement une lettre de motivation mais également celle de la dernière chance. » Sa ténacité a payé : elle a été acceptée in extremis dans la filière de son choix.

Retrouvez tous les épisodes avec Sarah Sereni.

Comme son amie Sarah, Lou-Anne souhaite être kiné. Elle a été prise en Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives) à Nanterre, où elle habite. Elle soutient Sarah qui n’a, elle, pas eu de place dans cette filière. Devenir kiné est un rêve commun. Elle veut aider Sarah, et lui passer des cours. Elle l’accompagne dans ses démarches.

Retrouvez tous les épisodes avec Lou-Anne Herbet.

Hema s’est longtemps imaginée avocate. Mais elle a compris il y a peu que, parfois, « les avocats avaient du mal à finir le mois ». Elle pense aussi que « c’est un milieu où il faut des pistons, et des contacts ». Elle a postulé pour un cursus de droit français et anglais mais n’a pas été retenue. Elle a été prise en droit français et allemand à Nanterre, où elle réside. Comme elle fait de l’allemand depuis la sixième, cela lui convient. « On va voir. Mais je pense que je pourrai toujours basculer en droit si cela ne va pas », expliquait-elle au début du mois de septembre. Hema était stressée avant la rentrée. Elle attend de son année de fac « de devenir plus autonome et plus mature ».

Retrouvez tous les épisodes avec Hema Jeebodhun.

Antonin est arrivé à Nanterre en première année, après avoir abandonné une licence de physique-chimie à Dijon. Il souhaite être restaurateur d’œuvres d’art. Il se sent assez politisé et s’était mobilisé contre la loi El Khomri à Dijon. Il n’est pas syndiqué et ne se reconnaît pas forcément dans les modes d’action des syndicats et des organisations d’extrême gauche. Il est allé manifester mardi 12 septembre contre la réforme du Code du travail.

Retrouvez tous les épisodes avec Antonin Peyre.

Elle était phobique scolaire, la voilà étudiante en première année. Elle était décrocheuse, elle s’accroche. Milena a arrêté le lycée en première et a raté le bac. Mais l’an dernier, elle a passé une équivalence à Nanterre et, à la rentrée, elle s’est inscrite en histoire de l’art, en première année. Elle commence l’année avec enthousiasme, préférant les grands amphis anonymes aux petites salles de cours qui lui rappellent trop l’école.

Retrouvez tous les épisodes avec Milena Sadock.

C’est son nom que les syndicats agitent dans les rassemblements. C’est lui qu’ils interpellent. Christophe Bréchet est vice-président de l’université Paris Nanterre. Il est chargé de la commission de la formation et de la vie universitaire. À ce titre, il gère les problèmes d’inscription. Christophe Bréchet, normalien, est agrégé de lettres classiques. Il a consacré son doctorat à « Homère dans l’œuvre de Plutarque : la référence homérique dans les “Œuvres morales” ».

Retrouvez tous les épisodes avec Christophe Bréchet.

Pour montrer son appartenance politique, il aime bien coller sur son blouson l’étiquette de l’Unef et celle du NPA. Victor Mendez est engagé à l’extrême gauche, très actif sur la faculté de Nanterre. AG, distributions de tracts, interventions pendant les cours… Il est pour « vider les amphis et remplir les rues ». Il est inscrit en deuxième année en sociologie.

Retrouvez tous les épisodes avec Victor Mendez.

Ruben veut être instituteur. Il est inscrit en sciences de l’éducation à Nanterre. Il fait partie de ceux qui ont obtenu par le système APB la filière qu’ils demandaient. Il s’en sent presque coupable tant le système génère des injustices. Il aime venir en cours, mais a du mal à travailler seul. Et s’inquiète : a-t-il les bonnes méthodes pour réussir à la fac ?

Retrouvez tous les épisodes avec Ruben Guennec.

Mélissa veut mêler sa passion pour l’art vivant et le métier de professeur. Elle est inscrite en arts du spectacle à Nanterre, en première année de licence. C’était son choix numéro 1 sur Application Post Bac (APB), le fameux logiciel qui attribue aux futurs étudiants leurs affectations après le bac. Elle aime beaucoup ses cours et s’est fait une bande de copains dans sa classe. À côté de ses études, elle travaille : un baby-sitting régulier et un boulot d’ouvreuse dans des événements en tout genre.

Retrouvez tous les épisodes avec Mélissa Saadna.

« Casanière ». C’est comme ça que ses copines de la fac décrivent Carla. Directement après les cours, Carla rentre chez elle, et elle n’aime pas trop venir aux fêtes. Arts du spectacle à Nanterre était son premier choix. « Depuis que je suis toute petite, j’adore faire des petits spectacles, devant n’importe qui », raconte-t-elle. Pourtant, elle s’imagine « administratrice des arts vivants » – c’est la personne qui gère un théâtre, sa programmation… –, pas comédienne : « C’est toujours un rêve caché », mais trop de boulot, trop dur de percer.

Retrouvez tous les épisodes avec Carla Sabi.

Depuis ses 6 ans, Sara fait de la danse. C’est pour ça qu’elle s’est inscrite en arts du spectacle à Nanterre : « pour travailler dans le monde du spectacle ». C’était son premier vœu sur APB. Stressée de se jeter dans le grand bain de la fac, quelques jours avant la rentrée, elle a tweeté : « Y a pas des gens qui vont faire arts du spectacle à Nanterre, là ? Je connais personne. :( » C’est par ce message qu’elle a rencontré Mélissa Saadna. Depuis, elles sont amies. Le système de la fac ne lui plaît pas vraiment : « On est très seuls. » Et elle préfèrerait moins de cours théoriques.

Retrouvez tous les épisodes avec Sara Texeira.

Alice veut être comédienne. Elle n’a pas les moyens de se payer une école privée, alors elle s’est tournée vers la filière arts du spectacle de la fac, où elle s’est fait un groupe de copines. D’ailleurs, ces mêmes copines la décrivent comme une très bonne élève. Elle voulait aller à la Sorbonne ou à Diderot, Nanterre était son cinquième choix sur APB. Elle met une heure trente chaque matin pour aller à la fac, « quand il n’y a pas de problème ». Alice est finalement contente, elle trouve le campus de Nanterre agréable. Pourtant, elle n’est pas sûre de rester. Trop d’enseignement théorique dans sa licence. « C’est comme si on passait le code, mais sans jamais passer le permis », dit-elle.

Retrouvez tous les épisodes avec Alice Rodanet.

Nelly s’était d’abord inscrite en licence de psychologie à Nanterre. Mais une copine lui a dit que c’était trop dur d’intégrer les masters après la licence, qu’il fallait avoir une mention. Alors au dernier moment, elle a changé son vœu pour arts du spectacle. « Ça n’a rien à voir, mais ça m’intéressait autant », explique-t-elle. Nelly a 19 ans, elle aimerait bien être comédienne ou scénariste. Mais selon elle, c’est un milieu où il faut « du piston » et elle n’en a pas. Elle n’est pas sûre de continuer la licence à Nanterre, elle n’arrive pas à s’adapter au fonctionnement de la fac où elle se sent livrée à elle-même.

Retrouvez tous les épisodes avec Nelly Palermo.