Les électeurs

Aux Jours, on croise Antoine Genton dans L’empire, au sein d’i-Télé, la chaîne info d’abord laissée en jachère puis incendiée par l’équipée Bolloré, jusqu’au drame de la fin de la longue grève sans guère plus de résultat que des mesures sociales et le départ des deux tiers des journalistes. Dont lui. Pendant trente-et-un jours, Antoine Genton, président de la société des journalistes d’i-Télé, a été, au nom de l’équipe, la figure de la grève, la voix de la contestation contre Vincent Bolloré et son entreprise de démolition de la chaîne info, à grands coups de Jean-Marc Morandini. Pour la présidentielle, comme à toutes les élections, Antoine Genton va voter, c’est important pour lui. Mais il ne veut pas dire pour qui. Parce qu’il est journaliste. Mais parce qu’il est journaliste, il est au cœur du politique et d’un conflit qui ne l’était pas moins. Hum, intrigant. Tiendra-t-il cette ligne jusqu’au bout ? Il n’y a pas de bonne série sans suspense.
À lire : « Antoine Genton, L’empire du milieu ».
À retrouver dans les épisodes 1, 8, 12 et 19.

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Antoine Labaere est professeur au collège Aimé-Césaire, un établissement classé éducation prioritaire dans le nord de Paris. Il était l’an dernier le prof principal des 3e B, que Les Jours ont suivis durant un an pour l’obsession Les années collège. Habituellement, aux élections présidentielles, il vote à l’extrême gauche (plutôt tendance NPA) au premier tour et « utile » au second. Mais cette fois-ci, quelque chose s’est cassé. « Disons que je n’ai pas vu avec Hollande l’utilité de mon vote utile. » Il ne votera pas au second tour en cas de droite contre extrême droite, ni même en cas de candidat LR contre candidat PS. Il a le sentiment que tous défendent « la même politique libérale » et ne prennent pas à bras le corps les problèmes de fractures sociales. Antoine Labaere considère que l’engagement politique se joue aujourd’hui ailleurs, dans les associations, les manifestations. Son engagement à lui, c’est son travail quotidien dans un collège où de nombreux élèves sont en difficultés sociales et scolaires.
À retrouver dans les épisodes 5, 6 et 15.

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Marie-France vit à Montargis dans le Loiret. Ouvrière dans l’agroalimentaire, elle est au chômage depuis 2015. Elle tente de se reconvertir dans la couture ou l’aide à domicile, mais des soucis de santé retardent ses projets. Nous suivons son parcours depuis mars dernier dans l’obsession La vie Pôle emploi. « Pas très politique », Marie-France ne fait pas confiance aux candidats qui « racontent de belles choses pour se faire élire ». Depuis cinq ans, elle ne voit « aucun changement » sur les sujets qui la touchent, le chômage des zones rurales ou les villages moribonds. Marie-France vote par principe, « parce que des gens se sont battus pour ce droit ». Résolument à droite, elle avait soutenu Nicolas Sarkozy en 2012, mais pourrait cette année choisir Marine Le Pen, séduite par son discours sur la préférence nationale.
À lire : « Marie-France qui se lève tôt ».
À retrouver dans l’épisode 1.

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Ancien ouvrier du livre devenu prof en lycée professionnel puis principal de collège, Jean-Louis Terrana dirige le collège Aimé-Césaire où Les Jours ont passé l’année scolaire 2015-2016 pour suivre une classe de troisième, la 3è B. « Monsieur Terrana », comme tout le monde l’appelle à Aimé-Césaire, est un engagé du quotidien, qui continue à « avoir foi en la politique ». « Je crois que la politique et donc celles et ceux qui la portent peuvent participer au changement et au bien-être des gens. » Ceci étant posé (et il y tenait), « Monsieur Terrana » est bien embêté par le paysage politique qu’il a sous les yeux à la veille de la présidentielle. De « sensibilité de gauche », il est allé voter à la primaire de la droite (pour Alain Juppé), « un peu par calcul », concède-t-il. Il n’a pas apprécié le quinquennat Hollande, « un social-démocrate élu par hasard » et qui « n’a pas fait changer les choses ». La dernière fois qu’un politique l’a inspiré, c’était Lionel Jospin. « Oui, je sais, il est austère et pas rigolo, mais il avait des idées, un projet. » Jean-Louis Terrana aimerait « rêver à nouveau en politique ». Mais cela fait longtemps que cela ne lui est plus arrivé.
À retrouver dans les épisodes 1 et 11.

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Il y a quelques mois, Jean-Pierre Charlot se désespérait à l’idée de prendre bientôt sa retraite, céder le domaine viticole qu’il gère à des investisseurs, des banques, des assurances, parce que le foncier est devenu trop cher pour vendre à des vignerons, et que personne ne voulait reprendre dans la famille. Puis un neveu s’est déclaré. Les Jours suivent pendant un an la succession, occasion idéale raconter dans les détails comment se fait un grand vin. Le domaine choisi n’est pas anodin. Le vin y est très bon, et le vigneron éveillé, attentif aux autres, au monde, à la politique. Longtemps strauss-kahnien, il est désormais surtout moqueur vis-à-vis des hommes et des femmes politiques, à qui il reproche surtout d’être dans l’image, la communication, et de ne jamais tenir leurs promesses.
À retrouver dans les épisodes 3 et 13.

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On le connaît sous le pseudonyme « Pain-Noir », avec lequel il a signé un beau premier album de chansons folk en français, en 2015. Sur Les Jours, on l’a découvert à la recherche d’un équilibre entre sa vie personnelle et sa vie d’artiste par intermittence. Avec sa femme professeure de piano et ses deux enfants, François-Régis Croisier vit à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Lui est instituteur en maternelle. Il apprécie la vie au calme loin de Paris, même si l’éloignement a ses contraintes quand on rêve de vivre un jour de la musique. Il a toujours voté et toujours voté à gauche, sauf pour Jacques Chirac en 2002. S’il faut à nouveau faire barrage au Front national, il le fera sans hésiter. Mais encore un peu plus déçu de la politique.
À lire : « Instit le jour, Pain-Noir le soir ».
À retrouver dans les épisodes 2, 6 et 17.

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Sophie est l’une des victimes des attaques terroristes du 13 novembre 2015. Elle était attablée au café du Bataclan quand les assaillants sont arrivés et a croisé le regard d’un tireur avant de se réfugier dans un placard, à l’intérieur du café. Quand elle a entendu les policiers parler, elle a compris qu’elle pouvait s’enfuir. Les Jours ont suivi Sophie après le 13 Novembre et raconté comment, petit à petit, elle s’est reconstruite. Sophie ne votait plus. Depuis longtemps… Elle ne se souvient plus exactement quand elle a cessé de participer à ce rituel démocratique. Peu à peu, elle s’est éloignée de la politique et ne s’est plus déplacée pour les élections. Mais cette année, et après les attentats qui ont bouleversé sa vie, tout pourrait changer.
À lire : « “J’ai vu le tireur, jeune, calme, tranquille” ».
À retrouver dans les épisodes 1 et 9.

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Née en 1959 à Roubaix, Marie Desplechin écrit pour les enfants, les ados, et les adultes. Des romans, des BD, des scénarios. Elle n’est adhérente d’aucun parti, se sent appartenir à « la famille de gauche » dont elle aimerait qu’elle se porte mieux. Elle est l’une des onze signataires pour un appel à une primaire des gauches et des écologistes. Ce que Les Jours avaient raconté dans l’obsession Politique année zéro. Elle va soutenir l’écologiste Yannick Jadot à l’élection présidentielle. En 2013, elle a présidé la commission sur l’éducation artistique et culturelle, à la demande d’Aurélie Filippetti, alors ministre de la Culture. Elle en garde un très mauvais souvenir et l’écœurement d’avoir été comme une « grosse Bécassine » qui ne servait à rien si ce n’est à accoler son nom à un rapport déjà ficelé. « Ça m’a déniaisée. » L’expérience l’a dégoûtée des ministères et des allées du pouvoir à l’administration rigide, mais pas détournée de son intérêt pour la politique.
À lire : « Les conjurés de la primaire ».
À retrouver dans l’épisode 3.

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Au tout début de l’état d’urgence, comme le ministère de l’Intérieur le trouvait « radicalisé », Brahim a été perquisitionné puis assigné à résidence pendant trois mois. Il vit depuis toujours à Échirolles, en banlieue de Grenoble. Lorsqu’il était plus jeune, il a passé une dizaine d’années en prison pour des histoires de stups qu’il a laissées derrière lui. Musulman pratiquant et « de gauche », père de deux petites filles, maçon intérimaire quand Les Jours l’ont rencontré, Brahim est devenu agent technique pour une régie de quartier. Son assignation a accru son intérêt pour l’actualité politique et l’a décidé à aller voter à l’élection présidentielle. Il penche pour Jean-Luc Mélenchon, ou Benoît Hamon s’il dépasse le stade de la primaire.
À retrouver dans l’épisode 6.

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Gilles Mathieu (61 ans au moment des vendanges 2016) a eu deux vies professionnelles. D’abord journaliste pour Le Bien public, quotidien local, s’occupant de sport et de vin, notable beaunois. Il connaissait le domaine Voillot, a écrit des papiers dessus. Quand le Crédit mutuel a racheté son journal, il est parti et s’est soudain retrouvé avec une vie sociale allégée, moins d’amis depuis qu’il n’écrivait plus sur eux. Jean-Pierre Charlot l’a embauché comme ouvrier agricole en mars 2010. Gilles prendra sa retraite à la fin octobre 2016.

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Brigitte Gothière a cofondé L214 en 2008 – avec notamment son compagnon, Sébastien Arsac. L’association cherche à dénoncer toutes les productions animales et à en détourner les consommateurs. Son nom fait référence à l’article L. 214 du code rural qui prévoit que « tout animal étant un être sensible doit être placé dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce ». Pour parvenir à leurs fins, ils ont mis au point en 2015 une méthode hyperefficace. Ils font dans la com agressive et répétitive, avec des montage vidéo à la limite du soutenable. Ici, un agneau écartelé ; là, un mouton dont on crève l’œil pour s’amuser ; là encore, une vache qui agonise en souffrant pendant de longues minutes. Une personnalité médiatique apparaît au début et à la fin de la vidéo pour appuyer le discours de l’association et aider le spectateur à ne pas détourner les yeux.
À retrouver dans l’épisode 14.

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Originaire de la cité des 3 000, il a lancé un mouvement citoyen, « La révolution est en marche », en vue des élections municipales de 2020. À la présidentielle, il a prévu de voter, plutôt par élimination que par conviction, pour la troisième fois de sa vie. Hadama Traoré penchait pour Nathalie Arthaud, avant de réaliser qu’elle ne défendait pas les couleurs de « Force ouvrière » mais de « Lutte ouvrière ». A priori, il choisira le bulletin blanc.
À retrouver dans l’épisode 16.

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À Nuit debout, il s’occupait de l’infirmerie installée pendant quelques semaines place de la République. Dans la vie, il est médecin généraliste dans deux hôpitaux (l’un à Paris, l’autre en proche banlieue) : un service d’addictologie d’un côté, des patients atteints du VIH de l’autre. Martin vote irrégulièrement, jusqu’ici pour de petits partis de gauche au premier tour et pour le candidat socialiste au second. C’est terminé.
À retrouver dans l’épisode 18.

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Travaillant dans la formation pour une collectivité dirigée par la gauche, il s’est mis à voter pour ce camp alors qu’auparavant il penchait plutôt pour la droite. En 2002, il a manifesté contre Le Pen. En 2017, il a voté pour le FN. André, 61 ans, est assez caractéristique de ces électeurs qui, après avoir butiné à droite et à gauche, finissent par faire fleurir l’extrême droite.

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